L'homme qui priait

Chapitre débuté par Farid El Alamein

Chapitre concerne : Farid El Alamein, La caravane, phaera,

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Le soleil s'était depuis longtemps éloigné de l'horizon. La vie, tout doucement, s'endormait paisiblement. Seuls les crépitements du feu de camp venaient troubler l'atmosphère feutrée du désert. Les braises bondissaient de temps à autres sur le bitume fondu qui balafrait ce désert de cendres et de roches vitrifiées, pour s'éteindre lentement, affamées de n'avoir pu consummer la moindre parcelle d'herbe. Ici, la nature manquait cruellement.

Un peu à l'écart, dans l'ombre d'un paquetage, une femme entravée semblait somnoler, abandonnant le peu d'espoir qui lui restait au monde des songes. Et, à quelques mètres, un homme enturbanné se découvrait la tête, pour faire de l'étoffe de son couvre-chef un tapis improvisé. Il l'épousseta patiemment, et commença à réciter, yeux fermés, mains jointes, ce qui ressemblait à une sourate improvisée. Il s'inclina avant de poser délicatement ses genoux sur la cotonnade et de s'assoir sur ses talons. Il recommença la litanie, avant de se relever, et de répéter encore les mêmes paroles, à demi-chantées.

Il se tourna vers sa gauche, et, apostrophant un invité imaginaire, lui souhaita la paix et la miséricorde de Dieu. Il reproduisit, à l'identique, la symétrie. Ceci fait, il se redressa, fit craquer ses lombaires, et attrapa d'un geste sec le tissu. Une main habile en saisit un coin et tourna autour d'un autre pour replier l'ensemble autour de sa tignasse brune. Ainsi apprété, il n'y avait que quelques méches rebelles qui parvenaient à s'échapper de ce filet improvisé.

Il regardait les étoiles; impossible de savoir où il se trouvait, où il devait aller. Il s'allongea à son tour, fermant les yeux, plongeant son entière concentration dans l'étude des bruits aux alentours.