Enculé !

Chapitre débuté par Orius

Chapitre concerne : Orius,

Ce texte vaut 7 bières !

Dans le vaste océan d'horreurs dont il avait été témoin, un mot s'était cramponnée à sa mémoire avec une force inébranlable :

Enculé !

Le gamin s'amusait à effrayer un petit scarabée en imitant une bestiole géante à l'aide de sa main. Avec ses quatre doigts, il simulait les pattes d'un insecte colossal, tandis que le doigt du milieu assumait le rôle de la tête. Une créature étrange, mi-tarentule, mi-scorpion, capable de provoquer des crises cardiaques chez le pauvre scarabée. Il se sentait comme le roi des insectes. Un monstre terrifiant. "Grouhaaaa"

Comment peux-tu nous abandonner ?! Sale enculé !


De temps en temps, le doigt médian s'abattait juste à côté du scarabée comme une sentence divine, rappelant qu'il avait le pouvoir de l'écraser en un éclair.

M'en fous, on va crever. On doit trouver de la bouffe, et je peux pas vous emmener.

Terroriser les insectes procurait une délicieuse sensation de puissance. Il se sentait comme le Dieu tout-puissant des insectes, prêt à les anéantir tous. "Mouhahahahaha ! Pouhahaaaa kayyyyyaaaaa !" Prends ça, petit salopard de scarabée. Le terme "salopard" n'avait pas vraiment de sens pour lui, mais ça sonnait rudement bien.

La femme, les yeux rougis et remplis d'un chagrin déchirant, répondit d'une voix tremblotante : Ne nous abandonne pas, je t'en supplie !

Le père, les poings serrés et le visage congestionné par la colère, continua ses reproches acides : Tu sais bien que je fais tout ce que je peux pour vous protéger, mais comment est-ce qu'on peut survivre dans ce putain de cauchemar ?! Je peux pas rester là à me morfondre !

Et le gamin, lui, continua de tâter sa bestiole imaginaire. "Grouhaaaa ! Je détiens le pouvoir suprême sur les scarabées !"

La mère, les larmes ruisselant désormais sur ses joues, implora presque : Non, s'il te plaît. On a besoin de toi, le gamin aussi.

Mais le père secoua tristement la tête. J'ai pas envie de vous laisser, mais on peut pas rester plantés ici à attendre la mort. Je vais tenter ma chance ailleurs, chercher de quoi nous nourrir, un endroit sûr. Je reviendrai, je te promets. C'est trop dangereux dehors.

Le gamin, toujours perdu dans son univers d'insectes, continua de reproduire des cris de créatures imaginaires, ignorant la gravité de la situation.

Compte pas sur nous pour t'attendre ici ! hurla sa mère.

Le père, les yeux lourds de tristesse et de regrets, se dirigea doucement vers la sortie de leur abri modeste, bricolé avec les quelques broutilles trouvées çà et là.
Adieu… murmura-t-il, à mi-voix, avant de se fondre dans le paysage désolé.

Le gamin continua de jouer avec son insecte imaginaire, indifférent au bourdonnement des violentes paroles désespérées échangées entre ses parents. Malgré les lamentations discordantes provenant de l'extérieur, la naïveté éclatante de son monde imaginaire résonnait agréablement dans ses oreilles. Pourtant, en son for intérieur, une tristesse silencieuse s'insinuait et grandissait.

Enculé !

 

Ce texte vaut 6 bières !
La femme s'avança vers les deux types avec une résignation palpable. Ces deux-là auraient pu passer pour des clochards égarés, affublés de guenilles rapiécées. Leurs cheveux gras collaient à leur crâne, et leurs fringues déchiquetées exhibaient les stigmates d'une existence dans la crasse et la boue. Ils brandissaient chacun une batte à clous, maculée de taches sèches d'un sang à l'origine aussi mystérieuse que dérangeante.

L'un d'eux arborait un œil crevé, le visage ravagé par une cicatrice immonde, évoquant le Capitaine Albator après une déroute cuisante, humilié, vaincu, totalement pathétique. Son compagnon, quant à lui, plus âgé, exhibait fièrement une barbe sauvage grisonnante, et se tenait torse nu, comme s'il prenait un malin plaisir à dévoiler ses tatouages hideux. Pas de dessins animés bienveillants là-dedans, juste des images obscènes et morbides, un mélange dérangeant de sexe et de mort.

Le gamin ne lâchait pas la main de sa mère. Il compressa fort, aussi fort que sa petite poigne le permettait.

Aïe, tu me tords le bras, Orius ! Tout va bien se passer. Je t'ai déjà expliqué, on n'a pas le choix.

Mais maman !

Non. Pas besoin de radoter.


Elle retira sa main de façon un peu brutale et se dirigea vers les deux vagabonds.

Reste ici, un point c'est tout. Ça sera rapide.

Ça, on verra, marmonna l'un des deux hommes à son compère, un rictus dégoutant déformant son visage.

La porte claqua, laissant Orius seul sur le pas. À genoux, il fixa une fourmi. Elle semblait paumée, zigzaguant frénétiquement à la recherche d'une piste odorante pour retrouver ses amis.

Toi aussi, on t'a largué, hein ?

Des hurlements éclatèrent derrière la porte, laissant Orius impuissant face à la détresse de sa mère. Quelle monstruosité pouvait bien susciter de tels cris ?

Après une éternité aux allures interminables pour Orius, la porte s'entrouvrit, libérant l'un des deux lascars, nu comme un ver, un mégot fiché entre les dents.

Ta maman semble vraiment tenir à ce que tu survives, mon gamin. Héhé.


L'individu s'approcha d'Orius, son attribut viril dressé à la hauteur de la tête du garçon. Il empoigna le menton de l'enfant de ses grosses mains dégoutantes, l'obligeant à croiser son regard.

Ca te dirait de gagner ta croute toi aussi ? J'ai des projets pour toi, tu sais.

Juste avant qu'Orius ne puisse articuler une réponse, la mère s'extirpa, à moitié débraillée, du lieu, du sang s'écoulant entre ses jambes. Elle hurla.

Noooon. On avait dit, pas le gamin. Laissez-le.

L'homme lui infligea une gifle brutale.

Ta gueule, connasse. Ici, c'est pas toi qui décides.

Non, pas Orius, pitié !

Héhé, la prochaine fois, faudra que tu te débrouilles mieux, vieille peau, si tu veux manger.

L'homme balança quelques pommes à terre, accompagnées du reste des affaires de la femme, dans un geste humiliant.

Allez, dégage. La prochaine fois, ça coûtera plus cher, je vous préviens.

Dans son esprit, les tatouages obscènes et mortifères de l'homme prenaient vie, enserrant l'individu dans une étreinte mortelle.

Enculé !