Graffitis sur les murs

Chapitre débuté par O.L.G.A

Chapitre concerne : ambiance, O.L.G.A, zone36, souterrains, art, post-apo-art, moutonsélectriques,

Ce texte vaut 5 bières !
L’obsession du troupeau
 
 




 

L’espace dédié aux souterrains de la zone 36, pourtant bien délimité, s’était réduit à peau de chagrin depuis l’éveil des biologiques. Là, entassés, comme sur de vieilles pellicules vision 3 les montrant dans des situations absurdement complexes, réunis, la bouche étirée ou grimaçante, se tapant sur l’épaule ou se faisant la guerre. Après avoir hiberné, s’être replié dans des abris reliés par d’immenses boyaux suintant d’humidité, le troupeau reprenait vie jusqu’à retrouver l’usage de l’électronique.

Sur les murs et parois, quelques fresques surréalistes accompagnaient les éveillés entre deux œuvres phallusiennes. Ersatz de villes, strates de bâtiments légo, et décors brûlants brûlés. Enfin et surtout, des moutons, beaucoup de moutons, trop de moutons.

Œuvre hallucinée d’un esprit malade, ou message d’outre-tombe d’un artiste incompris ?

Il était temps de changer de zone pour la suivante, car ceux-là n’étaient pas électriques.


 
Ce texte vaut une bière !
Le désespoir du scientifique


 
 




 
Darius Torbjörn, aussi bougon et solitaire fut-il, était allé au bout de son projet. Il avait fait de son mieux pour contrer la fatalité. Un mieux imparfait, probablement discutable, mais la fin justifiait toujours les moyens face au dilemme du tramway.

Pendant que les puissants en mal d’opulence rejoignaient des îles-dômes artificielles lointaines, des cités sous-marines autonomes, ou encore des stations orbitales, lui refusa de se soustraire à ses obligations tandis que tout s’effondrait, allant même jusqu’à déchirer son ticket d’or pour un de ces paradis illusoire. En quête de rédemption, de pardon, sans doute des deux, il réunit une équipe à laquelle il infligea un rythme de travail quasi inhumain pour parvenir à sécuriser tous les espaces souterrains disponibles. Un ultime effort afin d’assurer la survie d’une population beaucoup moins lotie. Gares, métros, égouts formaient un dédalle suffisant pour y tenter l’impossible. 

Dans son élan, le projet prit de l’ampleur. Si l’on avait pu relier autrefois la France à l’Angleterre par un simple tunnel, ne pouvait-on pas tisser une toile plus solide à travers le monde en la parsemant de centres névralgiques ?

On ne le sut jamais vraiment. Darius Torbjörn mourut bien assez tôt. 
D’épuisement, dit-on. 

Gagné par la solitude et le découragement, il mit fin à ses jours d’une simple balle. Dehors, ciel rougeoyant et fumée noire se disputaient déjà l’horizon.

La vérité est que son équipe était insuffisante. Au point de réveiller de vieilles machines obsolètes capables de réparer et d'entretenir les lieux, notamment pour empêcher les radiations de s’infiltrer, assurer le recyclage de l'eau, ou encore prévenir le manque d'oxygène.

Aujourd’hui, comme Darius Torbjörn, la plupart se sont rendormies pour de bon. Eparpillées à travers les boyaux humides. Ne restent que leurs squelettes métalliques dévorés par la rouille. Un laboratoire. Des parois suintantes de radioactivité, et l’air vicié.