Premières notes dans l'Apocalypse: Sérénité dans le chaos.

Chapitre débuté par 恵美子

Chapitre concerne : 恵美子,

Ce texte vaut 9 bières !

Dans les ténèbres croissantes du désert, 恵美子 émergeait de son abri de fortune, enveloppée dans des haillons humides, sa veste de cuir épaisse comme une armure. Les gouttes de pluie, fines et tenaces, martelaient doucement la toile qui la protégeait. Les nuages, pareils à des voiles sombres, masquaient la lueur des étoiles, mais la lune, haut perchée et splendide, perçait par intermittence, éclairant le chemin incertain de la jeune femme.

Le manque de nicotine lui serrait la poitrine, les pensées tourbillonnantes résonnant comme des échos de désespoir dans cette nuit d'incertitude. Elle se remémora une époque révolue où les accords puissants et les grondements de la basse résonnaient dans des salles de concert enfumées. Une époque où la musique rugissait comme un exutoire à ses émotions, le rythme de ses doigts courant et glissant le long de sa basse.
Après s'être rongée les ongles, avoir mordillé ses cheveux et frôlé la perte de son sang-froid, 恵美子 se résigna à se tourner vers la méditation bouddhiste Tiantai comme un ultime refuge. Fermant les yeux sous les perles de pluie, elle plongea dans la méditation familière de sa famille, une tradition séculaire dont elle s'était peu à peu détournée jusqu'à ne plus la pratiquer que de façon anecdotique.
La Samatha, ce refuge de concentration profonde, s'imposa comme un bastion dans le désert angoissant qui l'entourait. Assise au cœur de la nuit pluvieuse, elle canalisa son esprit vers un point central : le souffle. Les sensations tactiles offertes par la nature se révélèrent à elle : le caresse du vent léger sur son visage, la pluie qui tambourinait, les gouttes ruisselant sous ses vêtements, le sable humide sous elle, chaque élément fusionnant dans une symphonie sensorielle.

Dans cette obscurité oppressante, elle devint l'épicentre d'une tempête intérieure, naviguant à travers les bruits de la nature déchaînée. Les murmures de la pluie se mêlaient aux battements réguliers de son cœur, créant une symphonie éphémère au sein de la tourmente. La Samatha était son ancre, un phare au milieu de l'obscurité, lui permettant de plonger au plus profond d'elle-même, au-delà des frontières de ce monde en décomposition. Les soucis et les doutes, telles des ombres fugitives, se dissipaient dans le tumulte de cette méditation intense.
Les premières minutes furent tumultueuses. Les ombres du passé hantaient ses pensées, mais elle tint bon. La Samatha était un voyage intérieur, une plongée profonde dans le calme, au-delà des fracas du monde extérieur. Les soucis et les doutes, comme des ombres furtives, s'estompèrent peu à peu dans la clarté de la concentration profonde.
Les minutes s'étirèrent comme des heures, mais 恵美子 tint bon. L'anxiété se mua peu à peu en sérénité, le tumulte en quiétude. La pluie, autrefois perçue comme une perturbation hostile, devint une compagne apaisante de sa pratique, chaque goutte réveillant une nouvelle sensation tactile. Les échos de la folie humaine, diffusés par une radio étrangement fonctionnelle, se dissipèrent dans le silence grandissant de sa méditation.

Quand elle rouvrit les yeux, la nuit s'étendait dans le désert, et 恵美子 retrouvait une quiétude nouvelle. Dans l'obscurité, elle médita sur un vieil adage, une vérité brute comme l'acier dans ce monde dévasté. Face à l'insurmontable, prendre le temps de respirer et de faire le point était essentiel. Même si les problèmes persistaient, cette pause offrait une clarté, un moment où les contours de l'adversité devenaient plus nets.
Les murmures de la pluie et la lueur intermittente de la lune l'enveloppaient d'une atmosphère particulière, une alliance entre le calme de la nature et la réalité brutale de l'apocalypse. Dans ce désert où les vestiges de l'humanité se confondaient avec les ombres, 恵美子 découvrait une paix intérieure inattendue. Comme une bouffée d'air frais au milieu de la tempête, elle trouvait une force nouvelle dans la sérénité qui émanait de cette pratique ancestrale, une bouffée apaisante dans le tumulte du monde déchu qui l'entourait.

À l'issue de cette méditation apaisante, 恵美子 décida de regagner le campement. Sur le chemin, son regard se posa sur un tube de métal délaissé, un vestige improbable dans ce monde en ruines. L'étincelle d'une idée émergea, et elle s'en empara, le tenant comme une relique éphémère.
Brièvement, elle le manipula comme une basse imaginaire, ses doigts dansant sur des cordes invisibles, produisant des notes muettes. Elle sifflotait et fredonnait un air à la frontière entre le métal et la musique traditionnelle de son pays natal, créant une mélodie uniquement perceptible dans son esprit. Les murmures de la pluie semblaient s'harmoniser avec ses gestes, créant une symphonie imaginaire dans l'obscurité du désert.
Ainsi, même au cœur de l'apocalypse, 恵美子 trouva un moment de création et d'expression, un instant où la musique transcendait les décombres du monde. Puis, le tube de métal reprit sa place solitaire, laissant derrière lui l'écho fugace d'une mélodie silencieuse dans le désert obscur.

Ce texte vaut 2 bières !
Premier verse: Requiem pour un con.
 

Le lever du soleil se déployait sur le désert dévasté, peignant le ciel d'une teinte pâle et froide. 恵美子, assise au sommet de la carcasse brûlée d'une voiture, faisait résonner un air lugubre et sinistre avec son vieux trousseau de clés, percutant la tôle. Chaque note lente, comme une marche mortuaire, s'insinuait entre les ruines calcinées, créant une symphonie macabre qui résonnait dans l'air chargé d'histoire.

Les doigts de la bassiste traçaient une danse mélancolique sur les clés métalliques. Les vibrations métalliques, lentes et déchirantes, semblaient être les échos d'une réalité brutale, une méditation musicale sur la fragilité de la vie dans ce monde post-apocalyptique. 恵美子, artiste déchue, privée de scène, de public et même de ses instruments, s'enveloppait dans cette musique comme une armure émotionnelle face à la violence persistante de cet univers altéré.

À ses pieds gisait le cadavre anonyme, une silhouette fantomatique dans la lumière naissante. Les notes funèbres s'accordaient étrangement avec l'atmosphère tendue du désert, créant une connexion entre la mort et la beauté mélancolique de l'art, un voyage au cœur des ténèbres de l'âme humaine en perdition.

Pendant que la musique se dissipait dans l'air matinal, les pensées de 恵美子 erraient entre le réel et l'irréel, le présent et le futur. Les clés métalliques entre ses doigts devenaient des portes entre deux mondes, où la réalité crue se mêlait à une dimension onirique. La carcasse de la voiture, autrefois symbole de mobilité, se transformait en un sanctuaire éphémère où la musique transcendait les décombres de l'existence.

À mesure que 恵美子 contemplait le cadavre sans vie, se perdant dans les méandres de ses pensées, elle ressentait un malaise croissant, une perturbation profonde qui secouait son être. C'était la première fois qu'elle participait activement à la fin d'une vie humaine, et les implications de cet acte pesaient lourdement sur elle.

Son esprit vagabondait entre la nécessité de la survie et la moralité qui s'estompait peu à peu dans ce monde en ruines. Elle se demandait si elle pouvait s'habituer à cette brutalité, à cette face sombre de l'existence qu'elle était condamnée à affronter. Les clés continuaient à jouer leur air mélancolique, comme une symphonie funèbre dans cet amphithéâtre de désolation.

恵美子 réalisait qu'elle était en train de jouer avec la frontière entre sa propre humanité et la nécessité impitoyable de survivre. Elle savait que d'autres choix difficiles se dressaient devant elle, que d'autres vies seraient peut-être sacrifiées pour garantir la sienne et celles de celles et ceux avec qui elle voyageait.

Elle fixa le cadavre, silencieuse, et dans ses yeux se reflétait la lueur incertaine d'une conscience troublée. La musique lugubre s'éteignit, et le désert, vaste et indifférent, semblait absorber le poids de cette première incursion dans les ténèbres de la survie.

Les clés d'appartement, jadis porteuses de foyer et de sécurité, gisaient inutiles et abandonnées à côté du cadavre. Elles étaient devenues des reliques du passé, des symboles désuets d'un monde qui n'existait plus. Dans l'ombre du désert, elles reposaient comme des témoins muets de la vie qui s'était éteinte, des souvenirs inutiles au sein d'une réalité où chaque jour devenait une lutte pour la survie, une symphonie lugubre jouée sur les clés d'un monde en décomposition.
Ultime pūṇya à ce sinitre inconnu qui avait agressé l'une des leurs aurait eu le droit à un ultime chant funèbre sous forme de percussions improvisées. Pour un con anonyme, c'était un beau requiem.