Virée viking
Chapitre débuté par Le Madrille
Chapitre concerne : Les Rangers du Risque, Le Madrille,
Le Madrille


Ce texte vaut 4 bières !
Le Madrille s'ennuyait un peu, ou peut-être était-il perpétuellement à ruminer et seul le décor d’une platitude effrayante rendait le portrait rébarbatif.Quoiqu’il en soit, la flotte s’approcha de la côte. Sur celle-ci, un homme, il puisait de l’eau.
Alors que leurs camarades jetaient l’ancre, Maxime pointa le piéton en proposant au Madrille de débarquer pour voir ce que l’individu possédait d’intéressant.
Le noir roux ne sembla pas sourciller outre-mesure. Avait-il fait du chemin depuis son premier meurtre, celui qui l’avait laissé effrayé par la sauvagerie, ou la perspective de simplement prélever la dîme au passant n’entrait pas dans le champ du moralement répréhensible ? Seuls les faits importent vraiment et les préparatifs furent brefs. Le Madrille descendit sur le plus frêle esquif de l’armada. Celui le plus à même de se poser délicatement entre les rochers du bord de plage sans générer de complexité particulière à la première phase de l’opération.
Le viking se rua, délesté et viril, les cheveux dans le vent alors qu’il sautait à terre, laissant le bateau s’échouer proprement, entraîné par son propre élan.
Tut tut ! C’est les impôts !
Le Madrille ne s’embarrassa pas de politesses, se contentant d’étaler une violente baffe de forain sur la mouille du malheureux qui n’eut qu’un réflexe inefficace à opposer à l’explosion de brutalité inattendue. Ca fit mal au visage, c’est sûr, mais l’humiliation était plus piquante encore et le fait que le Madrille se désintéressa directement de sa victime pour entreprendre une fouille sans gêne de ses possessions ajouta à la honte.
L’agresseur ne prit même pas la peine de prélever l’intégralité du butin disponible, se contentant de prendre les fruits et autres morceaux de viandes présentant le meilleur aspect et les contenants d’eau assurant la meilleure étanchéité délaissant prétentieusement le reste. Peu sûr de ce qu’il faisait, il attrapa même quelques betteraves, juste pour marquer le coup. Par contraste et pour finir de remplir son propre sac, il cala tout ce qu’il put de bière volée avant de se redresser, laissant le reliquat de ressources de l’importuné éparpillées sur le sol.
Allez, à bientôt !
Sans plus de cérémonie, le Madrille repartit en direction de la plage afin de rejoindre son embarcation. Il la poussa d’un coup de pied assuré vers les flots et sauta dessus en jetant son sac dans la cale.
Il borda les voiles qu’il avait laissées faséyer le temps de l’assaut et reprit la mer en direction de l’armada restée en retrait, comme désintéressée par la situation.
Ce n’était qu’une impression. A bord de son propre navire, Maxime attendait le Madrille.
Maxime


Ce texte vaut une bière !
Les yeux plissés comme un myope, Maxime observait deux silhouettes au loin sur la côte. L’une semblait immobile tandis que l’autre se rapprochait d’elle avec lenteur, jusqu’à ce qu’elles s’entremêlent brièvement et qu’il n’en reste plus qu’une visible. Laquelle avait-eu le dessus ? Probablement son camarade à dreads rousses mais ce n’était pas clair. Si seulement il avait une longue vue sous la main…Il y avait bien d’autres choses que notre jeune marin aurait aimé avoir, à commencer par un yacht à trois ponts, un équipage compétent, ainsi qu’un garde-manger bien rempli. Hélas, il n’avait qu’une coquille de noix à la voile rapiécée, qu’il fallait régulièrement écoper, quelques bouts de viande séchée comme ordinaire et une dizaine de camarades peu investis, répartis sur plusieurs canots. C’était toutefois un niveau de vie relativement enviable en ces temps incertains, indubitablement supérieur à celui de ce pauvre hère, ce piéton perdu sur leur zone de chasse.
Les consignes de Maxime avaient été vagues et prudentes : Il ne devait pas s’approcher inconsidérément, sauf si le butin en valait la peine, n’utiliser la violence qu’en cas de victoire assurée et fuir si nécessaire, et surtout ne pas abimer leur bateau.
La bassesse de l’expédition, la veulerie de la rapine ne semblait pas gêner le Madrille. Pas plus que l’appât du gain n’avait éveillé le moindre signe d’enthousiasme chez lui. Rien ne donnait l’impression d’atteindre cet homme difficile à cerner. Il dégageait un mélange de sérénité et d’indifférence qu’enviait ce grand angoissé de Maxime, bien incapable de parvenir à cet état de tranquillité d’esprit malgré divers expédients.
Les coques de leurs bateaux se cognèrent sans ménagement, quelques instants après que son comparse n’ait bondit d’un bord à l’autre. Il avait une corde à la main pour lier leurs embarcations et une betterave fraiche dans l’autre.
« Ah t’as trouvé que ce gros radis là-bas ? » lui dit Maxime.
Il y eu un flottement entre eux, un malaise évident. Il ne savait pas quoi ajouter, comme souvent avec lui. Et le Madrille, toujours debout, l’examinait silencieusement.
« Euh… ça va ? T’as pas l’air... Tu as p’tet besoin d’un peu de repos, non ? Si tu veux, tu peux prendre ma couchette. »
Ces quelques mots de Maxime et peut-être cette légère brise qui se levait ou l'effet revigorant des embruns, eurent l’effet d’un déclic. Le Madrille s’engagea dans la couchette, avec Maxime qui se laissa faire sans résister.