Sanctus Latro

Chapitre débuté par Maria Shnell

Chapitre concerne : Sanctus Latro, Maria Shnell,

Ce texte vaut 2 bières !
Sanctus Latro.

Déjà, en son temps, la réputation sinistre de cet hôpital l'avait conduit à la fermeture pour "pratiques contraire à l'exercice de la médecine". Les murs décrépis, quasi fondus, de l'ancien lieu de soin servent de décor à l'étrange procession. Ils en conservent également la douloureuse mémoire.


Marchant dans l'obscurité des couloirs jonchés de débris, de matériel médical rouillé, baignant dans une odeur de pourriture : Un trio.

Ouvrant la voie, le visage fermé et le regard pervers, Maria avance d'un pas décidé. Elle tient fermement en main sa scie à métaux souillée, ballottant de temps en temps au contact de sa cuisse. La jeune femme avise chaque pièce, semblant se guider avec acuité vers l'une d'entre elles choisie avec minutie. De temps en temps, un regard par dessus son épaule pour s'assurer que le cortège suit la cadence.

La suivant de près, la démarche alerte et le geste précis : Natasha l'infirmière à la silhouette aussi séduisante que son attitude est glaçante. Elle tire par les pieds un pauvre bougre, Andrew, dont le corps secoué de spasmes tente en vain de s'échapper de ce qui l'attend. Son dos racle le sol et à chaque pas se déchire un peu davantage.


Maria Shnell s'immobilise alors devant un encadrement de porte surmonté d'un panneau illisible.


"Nous y voici", dit elle alors d'une voix enthousiaste.


Devant eux, une pièce encore plus sombre que les autres où se devine un bloc opératoire abandonné. La table d'opération rouillée est détruite par le temps, au plafond l'imposante lampe scialytique menace de s'effondrer et, sur le sol, tout un tas d'instruments métalliques dont la vue suffit à réveiller la souffrance dont ils furent les acteurs.
Ce texte vaut une bière !
La femme plantureuse en costume d’infirmière tire un corps à travers les couloirs du sinistre établissement.  
Il s'agit d'un homme assez grand, inconscient et enlassé dans une camisole de force. Le déplacer lui demande beaucoup d’effort.

Un deux trois, un petit gémissement pour accompagner le geste et elle traine sur le sol autant qu’elle peut celui qu’elle a désigné comme étant son patient.

 Coup de tête rapide pour vérifier ou va Maria dans le dédale obscur, grande expiration et elle reprend mécaniquement son manège.
Un deux trois… En avant.

Lorsqu’elle doit négocier un virage, elle cogne la tête de son chargement dans le coin du mur.  Le choc a pour effet de sortir à moitié Andrew de sa torpeur. Il bredouille péniblement quelques mots.


- Laiss… Laissez moi…A l’ai…de… Ou suis…

Natahsa se penche aussitôt sur lui et lui chuchote à l’oreille d’une voix glaciale, tout en lui caressant la joue. 

- Lalala ne vous agitez pas ! Nous sommes là pour vous aider rappelez vous ! Nous sommes l’infirmière spéciale Natasha et la Chirurgienne de précision Maria !
Oui !
Vous avez eu de la chance d’être tombé sur nous !
Oui !  
Vous êtes un petit veinard …Vous êtes entre de bonnes mains…  Les nôtres…

Ne bougez pas…


Elle sort une nouvelle seringue de sa poche et la plante sans la moindre hésitation dans le cou du malheureux qui replonge immédiatement dans l’inconscience.

 - Voilà voilà qui est beaucoup mieux !

Un petit rire sadique s’échappe de sa gorge puis son sourire se fige aussitôt pour laisser place à son air sévère.
Elle reprend son pénible et laborieux déplacement de corps jusqu’à la salle choisie par Maria.
Un, deux, trois...


Une fois à l’intérieur elle abandonne son fardeau pour faire le tour du bloc.  Natasha tourne plusieurs fois dans la pièce. Elle semble totalement fascinée par ce qu’elle découvre.
Un sourire froid se dessine sur son visage impassible lorsqu’elle effleure du doigt la table d’opération ou qu’elle ramasse un scalpel rouillé ; comme si le contact avec les instruments médicaux réveillait en elle  des sensations enfouies  depuis longtemps.
Finalement elle se tourne vers Maria, une lueur enthousiaste mélée d'une profonde démence au fond des yeux.


- C’est… FANTASTIQUE ! Nous sommes Natasha et nous sommes si heureuse chirurgien de précision Maria. Nous allons pouvoir accomplir notre devoir !
Oui ! OUI !

Ici nous pourrons soigner ce patient si gravement atteint et le sauver !
C’est... MIRACULEUX!

Elle se dirige vers l’infortunée victime toujours étalé par terre et  lance un regard interrogateur à sa comparse

- Chirurgien Maria. Nous sommes à vos ordres.
Par ou faut il commencer d'après vous? 

Partagez vous notre diagnostique du dérangement mental profond  de ce patient? Et surtout confirmez-vous le protocole de soin ?
Nous souhaitons avec votre aide procéder à :

TREPANATION DU CORTEX CEREBRAL DROIT EN URGENCE

Une longue pause puis elle ajoute comme si cette précision était absolument indispensable

Nous sommes l'infirmière spéciale Natasha!

 
Ce texte vaut une bière !
L'avantage avec les neuroleptiques c'est leur capacité à déconnecter l'esprit de la réalité. Mais ils ne diminuent en rien le ressenti de la douleur. C'est l'expérience que fait Andrew alors que la lame émoussée et rouillée lui déchire le cuir chevelu et entame sa boîte crânienne. La sensation est terrible, transperçante. Il hurle dans son bâillon, se débat, mais il est contenu par la camisole et les efforts experts de "l'infirmière spéciale".


"Tenez moi ce fils de pute .."

Maria se tient face à sa victime la main fermement agrippée à son épaule pour le maintenir en place, l'autre paluche s'évertuant à scier le crâne du pauvre bougre. Il hurle encore. Elle, transpire sous le coup de l'adrénaline et de l'effort, son regard contient toute sa détermination, de la curiosité et un brin d'amusement.


"Natasha .. J'y suis presque .."

Les dents de la scie percent l'os et la dure-mère, pénètrent la matière blanche. Andrew convulse dans l'instant.

La définition de "trépanation" ne faisant pas partie du vocabulaire de Maria, elle se tourne alors vers sa comparse et d'un hochement de tête lui signifie que la "chirurgie" est terminée. Elle attend, désormais, que l'infirmière lui délivre les ultimes soins.