Les étoiles témoins

Chapitre débuté par Barbra

Chapitre concerne : Barbra,

Ce texte vaut 7 bières !
Voilà enfin l'air frais, le ciel, son soleil de jour et ses étoiles quand la nuit venait prendre le relai.
Les étoiles, elles étaient maintenant le plafond de leur salon où la télévision hurlait autrefois et changeait de programme toutes les cinq minutes, le plafond de leur cuisine où la table en formica était couplée à celle en bois massif pour y accueillir tout le monde pour un repas où le plat principal  était le mutisme, juste après avoir servi une salade qui manquait cruellement de communication noyée de sa vinaigrette de disputes infondées.
Les étoiles étaient maintenant le plafond de leur salle de bain où les filles hurlaient pour avoir leur tour alors que le ballon d'eau chaude avait été vidé par le premier à y être entré.
Le plafond de chacune des chambres où chaque nuit laissait les murs de la maison calmes, afin qu'elle se remette de toutes ses disputes et ce brouhaha de la vie qu'elle enfermait vaillamment.
Le plafond de leur jardin au potager riche mais pas si bien entretenu, où les tombes des valeureuses gerbilles, poissons et chats dormaient d'un repos bien mérité.
Les étoiles étaient maintenant leur unique plafond, il s'étendait jusque chacune des tignasses rousses. Leur maison avait abandonné son corps physique pour s'étirer, afin de tous les lier sous le même ciel. Engloutissant leurs disputes à longues distances et les bêtises que les enfants se faisaient l'un à l'autre à l'abris des regards de leur mère.
Ce plafond laissait ricocher dans l'air froid, une petite toux bien trop rauque d'un bébé qui avait mal supporté de vivre tous ces jours sous terre.

Barbra l'allaitait ce soir là, fatiguée, lasse, les cheveux relâchés. Chose qu'elle n'avait jamais fait en public depuis la naissance de Britney. Mais pour Doughy, le soir dans son lit, quand la mère nourrissait son fils, elle les lui laissait à disposition. Le petit y perdait ses petits doigts dans les boucles rouille. Ca le calmait, le canalisait de tout ce tumulte que la famille générait chaque jour. Mais ce soir, ses mains pendaient sur le bras de sa mère.
Douglas peinait à boire, ses poumons le faisaient siffler. Comme si un gouffre s'était ouvert entre ses minuscules côtes et que le vent s'y engouffré en grosses goulées pour le noyer d'une vague aussi immatérielle et immense que ce plafond étoilé.
Les vagues, les vraies, étaient plus hautes. Au bord des yeux de la mère du petit, prêtent à se jeter dans le vide, de plus en plus lourdes et menaçantes au fur et à mesure qu'elle entendait les quintes de toux faire recracher le peu de lait que son enfant avait eu tant de mal à tirer.


- Doughy... Mange s'te plait... Il faut qu'tu deviennes grand et fort. Plus fort qu'Fraid. Plus malin qu'tous tes frères. Il faut qu'tu mange pour d'venir toi. Les sanglots ravalés de sa mère ne rendaient que plus rauque sa voix. Elle avalait des mers d'eau salée tout en se mettant à bouger d'avant en arrière pour le bercer. Douglas pleurait, il n'arrivait pas à reprendre une respiration normale. Ses poumons comme étouffés dans un sac plastique, le petit bonhomme tentait de les en sortir. Il souffrait.
Le froid, la malnutrition et l'humidité des sous terrains ne l'avaient pas épargné. Et la mère s'en voulait. Oui. Elle n'était pas du genre à s'en vouloir d'habitude. La matriarche avait toujours le dernier mot, quoi que sa famille en dise, elle ne laissait rien passer. Mais pas cette fois non.

Douglas pleura encore plus fort, de sa bouche s'enfuyaient des sons de fantômes grinçants. Comme si des esprits habitaient ses deux minuscules pompes à oxygène et qu'il les chassait à coup de pleurs. Car les esprits de ceux qui vous veulent du mal n'ont rien à faire dans votre maison. Mais il pleurait toujours... Les fantômes continuaient de le hanter de l'intérieur, se moquant de lui éperdument.
Sa mère se leva, poitrine à l'air en pleine nuit. Elle tenait son petit contre elle, lui dégager au mieux les voix respiratoires c'était le but...
La lune s'était déplacé, une bonne heure de passée, Douglas s'était enfin endormi, son sifflet qui résonnait encore à chaque inspiration. Sa mère le posa doucement sur son sac. Il était emmitouflé dans une polaire, la veste de son père en plus sur lui. Il dormait, là dans sa petite chambre immense... Au plafond intouchable.
Barbra sortit du sac, sans le déranger, un petit bonnet de fortune qu'elle lui avait confectionné à partir de vêtements trouvés. Il fut enfilé sur la tignasse de feu du bambin. La mère sourit, ca lui faisait ressortir ses grosses joues toutes rondes. Ses jolies joues toutes rondes... Elle se remit à pleurer.
A pleurer jusqu'à sombrer de fatigue.

Le plafond, toujours le même, si grand immense, qui s'étendait par de là le désert, mais ne propageait pas assez loin les pleurs du petit frère. Pas assez loin pour sortir sournoisement ses frères et sœurs du confort de leurs rêves. Mais que trop bien pour sortir sa mère du sien. Douglas hoquetait, s'étranglait de nouveau. Barbra le propulsa contre elle, frottant son dos pour l'aider à reprendre son souffle. Mais rien n'y faisait, Douglas toussait à en devenir rouge d'étouffement. Son cœur, de la taille d'un abricot, tapait comme un sourd. Son front était moite de fièvre, ses petites mèches rousses collées. Mais ses mains étaient froides. Rien ne le réchauffait, le feu n'avait pas pris ce soir là,... D'habitude c'était à grand renfort de produits inflammables qu'ils allumaient leur feu à la maison.
Mais démunis, en plein désert, c'était sous des couches de vêtements qu'ils tentaient de réchauffer le petit.
Mais cette nuit, Douglas restait grelottant. Encore plus qu'à sa sortie à la surface, c'était là que tout avait commencé à se déclarer.
Ce texte vaut une bière !
Une poignée de jours étaient passés, les fantômes rodaient toujours autant dans la frêle charpente du petit. Ils avaient fini par barricader ses fenêtres, plus rien n'entrait, seul le peu qu'il buvait et mangeait sortait par toux et étranglements. Douglas était presque devenu son propre fantôme, le petit était blanc, plus qu'au naturel, si livide que ses cheveux de feu n'en ressortaient que plus. Telle une flamme qui brûlait, surplombant son petit visage de cire. Il était lui même le cierge de sa fin.
C'était comme si bébé avait fondé sa propre église dans son corps. La nef, ses côtes pour charpente, laissait s'échapper les funestes chants sifflants de ses bronches encombrées. Ses yeux vitreux comme des vitraux ternes, timide représentation d'une vie beaucoup trop courte…

Barbra était presque seule ce soir là au campement, certains dormaient d'un sommeil du juste, d'autres s'étaient éloignés pour trouver de quoi tenir les jours suivant.
Inlassablement, depuis plusieurs jours, la mère faisait tout pour tenir au chaud son petit, elle avait tenté de faire brûler des herbes près de visage pour essayer de lui dégager les bronches. Et sans perdre courage, plusieurs fois par jour, elle avait continuait d'essayer de le mettre au sein. Mais depuis la veille, les lèvres du petit étaient sèches et sillonnées par la déshydratation. Il avait parfois des sursauts de sourire quand ses yeux parvenaient à capter ceux de sa mère. Réflexe nerveux ou sourire d'amour pour elle...
Elle avait décidé que ce serait des sourires de tendresse, d'échange qui n'appartiendraient qu'à eux. A chaque rictus du petit bonhomme, Barbra lui répondait par un sourire, mais le sien tremblait à chaque fois. Ses lèvres frémissaient pour retenir ses larmes. Ces larmes qui revenaient à grand coup de massue, pour lui rappeler que ce serait certainement son dernier sourire, ou peut être l'avant dernier. Mais bien l'un des ultime de son fils.
Et la mère se le refusait, elle refusait que ses sourires s'évaporent dans la nuit, impalpable comme son souffle grinçant. Elle le refusait.

Elle l'aimait tellement, tellement. Il était son confident, lui seul connaissait tous les travers de sa mère, ses joies et ses peines, ses blessures les plus profondes. Elle n'avait jamais eu à lui dire, tout passait par leur regard. C'était ce que la mère aimait se dire quand elle puisait de la force dans cette bouille. Il était son pilier, sa force pour rester debout. Ce regard qui ne jugeait pas, qui ne durerait qu'un temps avant que la parole et le développement mental et psychomoteur ne viennent balayer tout ça pour l'ouvrir au monde, le vrai. 
Balayant sa génitrice au rang d'un élément parmi d'autres dans ce monde, alors qu'avant c'était elle son monde.
Pour chacun de ses enfants maintenant, elle n'était plus qu'un caillou sur le chemin de leur vie. Cette pierre qui roule sans cesse sur leur route, qu'ils la jettent plus loin ou l'ignorent, elle trouvait à se faufiler dans leur chaussure pour ne qu'ils ne partent pas sans elle, quitte à les faire souffrir.
Voilà la gêne que la matriarche était pour les ainés, Douglas, lui, n'avait que sa mère pour soleil dans sa galaxie encore.

Il n'avait pas eu le temps d'apprendre à marcher, mais il rampait tout juste depuis quelques semaines… Il connaissait à peine le goût des fraises et aimait nicher son nez dans le cou de sa mère. Il n'apprendrait jamais à faire du vélo, ni à embêter ses sœurs en leur volant leurs affaires.
Jamais sa mère ne l'attendrait sur le canapé au milieu de la nuit, pour le voir rentrer saoule. Jamais il ne lui hurlerait dessus, jamais il ne mentirait sur son bulletin de note. Jamais il ne pourrait tenter de se débarrasser de ce putain caillou dans son monde.
Jamais... Jamais il ne l'appellerait maman.

Les yeux lourds de larmes, Barbra restait les yeux fixés sur le petit visage qui s'étouffait de nouveau, pour une énième fois, elle le posa contre son épaule et lui frotta le dos pour l'aider comme elle pouvait. Mais Douglas était à bout de force, il peinait à se dégager les bronches. Sous alimenté, il bougeait à peine.
Ses yeux sautaient mollement d'une étoile à l'autre, alors que sa mère reflétait tout l'univers dans les perles de tristesse qui pendaient à ses yeux.
Elle déglutit, hagarde, le sommeil avait pris congés d'elle ou plutôt, c'était elle qui avait pris congés de lui pour ne jamais laisser son fils seul et cela n'arrangeait en rien son état...
Barbra fouillait le sol des yeux, comme si le remède pour son petit était là, juste là sous leurs pieds.
Ses yeux apeurés s'affolèrent, papillonnèrent pour dégager les encombrantes larmes. Son cœur s'emballait soudainement.
Douglas fut reposé en transat sur ses jambes. Il regardait sa mère entre ses vitraux changés en persiennes. Sa petite bouche, sèche comme une ostie, bougea, mais aucun son n'en sortit. Du moins pas un son voulu, ce sifflement de catacombes l'appelait, se faufilant entre ses lèvres insidieusement.
Se foutant bien de la gueule de la mère démunie. Douglas rougit d'étouffement sous l'effet d'une quinte de toux qui l'assaillait de nouveau, le faisant pleurer de douleur. Mais même ses pleurs avaient du mal à résonner, il souffrait, ça s'entendait dans chacun de ses sons et des grimaces de son visage.


- Je suis là mon petit...

Oui je suis là...
 Douglas hoquetait, les pleurs ne parvenaient plus à sortir, prisonniers de son mal. Le petit leva les yeux vers le ciel. Elles brillaient tellement ce soir là. Si vives. Le ciel était dégagé, l'été approchait...
Je suis là... Tout va bien... Le petit agita subitement ses jambes et ses bras dans l'air, frappant sa mère sans le vouloir. Ses yeux devenaient rouges d'étouffement.
Ne te débats pas...Maman te libère mon cœur. C'est bientôt fini… Des larmes comme des billes tombaient en grêle sur le visage implorant de son fils, la voix hachurée de sa mère s'alourdissait encore de sanglots d'appel à l'aide. Elle se fracassait de supplications démunies. Je te jure… Je suis désolée...
Barbra irradiée de tristesse pure, perdue dans les profondeurs de son impuissance à le sauver. Alors à défaut…
A défaut de le faire vivre, elle ne pouvait que tout arrêter, les souffrances de son fils, les siennes de le voir mourir contre son sein. Il allait partir, mais il ne devait pas encore souffrir… Barbra éclata en sanglots, la nuit les goba sans crier gare, pas un écho, le trou noir vorace avalant tout rond ce qu'il se passait, là, sous le toit de leur maison sans mur.
Les mains autour du minuscule cou, Barbra pleurait toute la souffrance et la tristesse qu'une seule personne ne pouvait endurer.
Les petits poings s'agitaient, une petite pogne s'agrippa à une mèche rouille de sa mère. Il aimait tant y perdre ses petits doigts…
Plus un son en guise d'offrande pour le ciel...


- Je suis là... Maman sera toujours là.

Les étoiles pour témoins.





Je ne peux me souvenir de plus
Mais je sais que tout ça s’est passé en silence
Dans un tel silence...

Tout ce qui demeure est un appel silencieux
L'amour est sauvage.

Et tu t'es effondré
Comme une pierre se briserait en sable
Un millier de fragments
Dispersés autour d'une terre en larmes
Et tu ne peux te rappeler de ce jour.
Mais tu sais que c'est arrivé dans le silence.
L'amour est sauvage.
Ce texte vaut une bière !
- Barbra... Tu peux pas faire ça...

- Aaaaah!! Le cri strident trancha la nuit.

Cette voix grave... Cette voix grave et ces yeux bruns, sévères et ridés par le temps, qui s'étaient subitement plaqué sur le visage de Douglas pour la juger dans son désespoir... Des yeux que Barbra connaissait que trop bien, mais ce n'était certainement pas ceux de son fils. Ceux là avaient vu bien trop de choses pour un bébé. Barbra, interdite, regardait Douglas hoquetait, gobant l'air comme il pouvait. Sa mère venait de lâcher sa prise, pour elle et pour son fils, cela avait eu l'air de durer un temps infini. Mais la démence salvatrice de la mère n'avait pas assez durait pour tuer son fils. Non.
Barbra n'avait pas pu laisser son geste odieux aboutir. Même si elle pensait ainsi le libérer de sa douleur, elle préféra libérer son fils des mains de sa mère…
Le petit bonhomme se sauvait lui même devant sa mère comme absente. La rousse fixait le visage de son fils, oui, c'était bien lui… Pas un autre…
Ce regard familier n'était plus sur le visage juvénile de son petit, il était apparu une fraction de secondes et pourtant la mère en était chamboulée.
La stupeur, l'angoisse, l'incapacité de croire à ce qu'elle venait de tenter, Barbra tremblait. Elle tremblait si fort, ses yeux ahuris tombèrent sur ses mains affolées.
Non, elle ne pouvait pas faire ça à son fils. Il fallait chasser le mal, lui tordre le cou mais un bébé, son bébé, ne pouvait pas se lover dans des mains meurtrières et se mettre au même rang que le mal. Son fils n'avait pas fauté. Il ne devait pas s'endormir, étranglé, dans des mains souillées.

Barbra regardait son fils qui toussait pour reprendre son souffle, ses mains de parjure s'avancèrent vers lui pour l'aider. Mais jamais, jamais il ne pardonnerait sa génitrice, elle le savait, et jamais elle ne se pardonnerait non plus.
La grêle reprit depuis les yeux de la mère, l'esprit étouffé de nuages inquisiteurs.


- Je suis désolée, je suis si désolée Doughy... Sa voix se brisait en un million de morceaux, sur lesquels son cœur se tranchait lui même d'accablement et de honte.
Son visage trempé s'enfouit contre le petit corps épuisé qui respirait de nouveau, ses mains remontaient timidement vers ses toutes petites épaules chaudes.
L'enfant retourna contre le cœur de sa mère dans une étreinte de pardon et de réconfort de le ravoir vivant.
Barbra n'était pas la meilleure des mères, ni la plus démonstrative. Elle n'avait pas toujours pensé au goûter de ses enfants, elle avait souvent cédé pour avoir la paix, elle avait déjà utiliser un cadeau de la fête des mères comme cale pour sa table de chevet mais elle les aimait tous et elle était incapable de tuer un de ses enfants…
Doughy sifflait de nouveau contre la poitrine de son petit monde, les fantômes reprenaient leur célébration du Samain dans sa cage thoracique. Et cela ne fit jamais autant plaisir à sa mère, il respirait, il vivait, c'était ce que ses poumons encombrés lui disaient.

Barbra ne cessa de pleurer cette nuit là et Douglas ronflait, enveloppé de tous les vêtements que sa mère pouvait lui mettre sur le dos en guise de couvertures. Elle resta dans la même position inconfortable toute la nuit, son dos lui faisait atrocement mal, ses jambes étaient engourdies et sa tête ne trouvait pas comment se poser pour dormir. Mais c'était sa maigre punition pour ce qu'elle avait osé tenter et elle l'acceptait sans broncher.

Le petit Douglas mourut deux jours plus tard, dans les bras de sa mère. Depuis son geste, elle n'avait jamais pu le lâcher une seconde.
Durant la nuit le petit avait pu boire quelques gouttes de lait, se fut leur dernier moment où ils avaient échangeaient leur regard. Barbra avait toujours autant le cœur serré mais avait su de nouveau lui sourire sans baisser les yeux. Ce mal indétrônable la rongerait à vie maintenant, elle le savait.
Douglas avait fini par s'endormir, le nez niché dans le cou de sa mère qui avait enfin réussi à trouver le sommeil.
C'était au petit matin que Barbra ouvrit ses yeux, rongés par le sel, sur le petit visage de cire, inerte. Figé dans le repos éternel, Douglas avait l'air de dormir si paisiblement, les fantômes avaient fini par déserter son église. C'était fini.
Barbra se redressa doucement, les yeux noyés de tristesse encore. Un petit bras était tendu sur son omoplate, agrippé au vêtement de sa mère. Barbra le prit alors dans ses bras, parfaite étreinte, comme une envie de l'accompagner là bas… Ne pas le laisser seul dans l'immensité de l'inconnu.
Elle le berça durant un long moment, jusqu'à ce que l'un des siens ne viennent poser une main sur son épaule.

Le petit corps de Douglas fut emmailloté dans des tissus, il dormait si paisiblement. Ses petits cheveux de feu ressortait du lange. Et quand Mike prit le tout petit corps endormi pour l'enfermer dans un sac, fermant la fermeture éclair, Barbra lui retint le bras.


- Il va étouffer… Ses grands yeux implorants se flanquèrent sur le regard de raison de son frère. Alors sa main quitta son bras. Barbra ravala ses sanglots tandis que le petit visage assoupit disparu dans le sac.
La nausée lui montait à la gorge, la mère vacilla, s'accrocha au bras de son fils.


- Partons d'ici...

Mais laissez moi le porter...


Ici avait eu lieu un drame, un drame avorté qui avait pour but d'en contrer un autre. Mais un drame arrive quoi qu'il arrive. Maintenant il fallait s'éloigner de ce lieu hanté et laisser le temps agir comme un placebo.
La petite famille s'éloigna alors de leur triste petit campement, laissant les fantômes hanter ce lieu, sous leur plafond de deuil.