Ondes d'espoir

« Ici Lyra… Si quelqu’un m’entend, je répète : ici Lyra. »

Le rassembleur écoute.

Où en es-tu à présent petite brebis ?

Le ton est dark, limite steam, mais il poursuit.

Certainement que je peux t'aider. 
Viens vers moi sur les ondes basse fréquence, je serais une oreille et, un guide pour tes pas.


Le silence redevient Roi sur l'onde.

 


« Futilité absolue ! Tout est futile ! »

Le sable crissait sous ses semelles usées. Cela faisait des heures que Lyra marchait sans réel but, les yeux à moitié plissés à cause de la poussière soulevée par le vent. Le soleil commençait à décliner, jetant une lumière rougeâtre sur les ruines autour d’elle.

 
Elle trébucha soudain, se rattrapa de justesse, et baissa les yeux. Sous le sable, quelque chose dépassait à peine. Une poignée rouillée, une grille fendue. Curieuse, elle creusa à mains nues, découvrant un vieil écrin métallique, une caisse éventrée par le temps. À l’intérieur, recouverte de toiles d’araignées et de débris : une radio.
 
Elle s’en saisit avec précaution. Le boîtier était lourd, cabossé, mais intact. Par miracle, elle réussit à l’alimenter avec l’une de ses dernières cellules d’énergie. Les grésillements éclatèrent aussitôt dans le silence, comme une respiration oubliée.
 
Elle monta le son. Tourna les fréquences. Bruit blanc. Voix hachées. Silence.
 
Puis, une onde plus claire.
 
Elle inspira profondément, ajusta le micro, et parla pour la première fois depuis des jours :
 
« Ici Lyra… Si quelqu’un m’entend, je répète : ici Lyra. »

« J’ai trouvé cette radio par hasard… J’ai été cachée pendant presque deux ans dans un abri. Avant ça, je survivais dans les ruines de mon école. Aujourd’hui… j’ai dû fuir. Les gens ne sont plus vraiment eux-mêmes. »
 
« Je suis seule. Je cherche des survivants. N’importe qui. De l’aide. Une direction. »
« Si vous m’entendez… répondez. Je ne suis pas dangereuse. »
 
Elle lâcha le bouton d’émission. Un léger cliquetis. Puis plus rien, si ce n’est le feu de fortune qu’elle avait allumé pour la nuit.
 
Elle s’enroula dans sa vieille couverture, les yeux rivés sur la radio, l’oreille tendue. Peut-être, cette fois, quelqu’un répondrait.

A quelque part, peut-être à l'ombre d'un cocotier ou à la lueur d'une lampe à huile, la radio était allumée. Non pas sur une musique puisque le gérant des lieux était un fan d'Elvis le King Plesley mais sur les ondes générales. Surement un coup de Penny ou Moira, pas possible ces ados ! On pouvait entendre la fin d'un échange...

" - Ah ouais une sortie avec les deux engins les plus rapides...
Six morts ? Ils venaient du Nord donc, z'avez pas prévenu. Louche quoi. Faut dire que le meilleur ami de Lars il fait pas dans la dentelle.
Y'avait qui ? Une Sud-Africaine comme Erik mais Blanche et une avec le visage défigué ? Z'avez pas de gueules de porte bonheur c'est ça...
Un horrible hobbit joufflu, deux métisses et une jeune avec des nattes ? Merde alors, surement des dommages colatéraux...
Bah ouais lorsqu'on suit un meneur de survie on récolte sa réput et ses choix quoi...
Euh... qui a appuyé sur émettre !?
"


Se demandant si on l'entend le Passeur se sent obligé de répondre à ce qu'il se dit.

" - Allo à l'huile de vidange ?
Lyra c'est ça ? Vous avez une voix jeune, vous êtes donc une jeune survivante ! On parlait de survie aussi... et de morts quoi.
La vie, la mort, c'est une question de choix et euh... d'âge aussi. Enfin c'est complexe tout cela, y'a aussi les maladies, les accidents et...
Hum... on apprécierait d'aider mais à partir de rien c'est chaud !
Vous êtes, avec qui, vous voyez quoi ? Faut des repaires visuels ma grande si vous voulez qu'on puisse aider.
Moi c'est Wes, Weston West. "

Il est tard. La nuit est tombée depuis quelques heures. La toubib est au bord du désarroi, sachant pertinemment de ce qu'il en est de l'équipe des clowns de Rosemary, Lani tressaute quand elle entend la voix de la jeune femme. Une nouvelle âme dans ce monde défiguré par la bêtise. Elle s'apprête à répondre, se rappelant qu'elle aussi, un jour, pas si lointain, elle avait fait la même démarche. Avec une radio toute flinguée qui avait caché sa fréquence. Ce qui l'avait fait passer pour au mieux, une espionne, aujourd'hui, elle comprend mieux pourquoi, ou, au pire, une débile. Ça aussi, elle sait pourquoi. N'est pas forcément le plus malin celui qui possède le plus gros flingue. Elle s'apprête à appuyer sur le bouton et une fréquence s'allume.

Un vieux relent de souvenir. Une histoire conne de banane. Tout sauf une aide consistante. Mais ce n'est pas du tout ce que la fréquence raconte ici. Elle aurait préféré ça. Elle sert le poing sur sa radio. Si elle avait plus de poigne, elle la briserait en morceau. Rien. Pas d'annonce officielle. Juste un brouhaha ridicule, comme une note en bas de page que personne ne lit. Ce n'est pas ce que méritait la Caravane du bizarre. Pas ça. Puis la voix de l'homme qu'elle reconnait. La première voix qu'elle a entendu en sortant de son bunker. Comme pour Lyra à présent. Une voix d'un homme qui, cette fois-ci, est confus, comme d'habitude, mais ne fait pas de blague vaseuse. Bien qu'il n'aide en rien la pauvre jeune femme.

Elle laisse un temps de respiration. Marque une pause. Elle se demande si, paranoïa et récent deuil qui lui tombe sur la tronche aidant, elle doit intervenir. Mais, qui serait-elle si elle n'intervenait pas. Elle se rappelle alors du choix. Le choix que Treize lui a imposé : Trinidad, ou la S-Mart ? Un choix qu'aujourd'hui, enfin, elle ne regrettait plus du tout. Ainsi, elle travaille sa voix. Pas tremblante. Bien. Elle sèche ses quelques larmes, bien que personne ne les verra. Et elle appuie sur le bouton.


"Bonjour Lyra. Je suis Lani, cheffe par intérim de la Kabane. La communauté du Nord. J'vais être brève. Mais j'vais tenter de t'aider au mieux. Écoute-moi attentivement. Ce nouveau monde est séparé en deux. Le Nord, avec la Kabane comme communauté principale. Le sud, avec Trinidad, comme communauté principale. Deux camps. Deux opposés que j'ne vais pas m'aventurer à te décrire, car j'pourrai être terriblement injuste. L'homme qui vient d'te parler est du sud. J'suis du nord. Ces informations devront t'suffire à faire un choix. Si tu vois la mer, écarte-toi de celle-ci à son opposée et dirige-toi vers l'centre des terres. Si tu vois un large fleuve traversant la direction "ouest-nord-ouest" et "est-sud-est", part vers l'est/sud-est, suis-le vers son amont. Si tu vois une rivière naissante qui part des montagnes vers le nord-ouest, c'est que tu es proche des montagnes de l'est. Suis-les vers l'ouest, vers l'aval. Va toujours à l'opposé d'la grande mer. Si t'es proche d'une rivière qui est dans l'axe "nord/sud", alors part vers le nord. Si tu ne te trompes pas de direction, tu devrais trouver un pont, avec, au milieu, un centre commercial délabré et abandonné, les cendres de la S-Mart. Ce point est le véritable "centre" de ce nouveau monde. Ici, t'auras un choix à faire : aller vers le sud, vers Trinidad ou bien, aller vers le nord, vers la Kabane. Bonne chance Lyra."

Lani relâche le bouton. Exténuée. Elle ne rajoute rien de plus. Plus tard, ou demain, quelqu'un parlera de Rosemary et de sa caravane. Peut-être, elle. Ou quelqu'un d'autres. Et ça ne sera pas qu'un timbre-poste sur une lettre mal formulée. 


Je peux vraiment vous aider, si vous êtes assez malin pour vous rendre compte de mon utilité !

ça grésille, c'est le boxon, mais on l'entend Le Gitan, un p'tit problème, il mange les mots.
"Waya c'qui donc? Lyra c'sa? haaa mes morts, j'entendons mal, Atta j'règle eul bordel....tu m'entendons? heeey moi c'étons Mickey j'suis al kabane avec couzs'...moé j'pouvons po t'guider, ja du mal à lire les cartes et tout....
Par contre, si t'arrivons al Kabane, j'ai un campement d'manouches et j'avons toujours d'la place pour l'gens qui galérons...et t'inkiéton po, on est gentils, y'aurons po d'embrouille, j'te l'promettons sur la tete d'ma matère qu'est mourrue".


Le Gitan rajoute avec son jargon si particulier :
"Heeey l'Miss Lyra, f'sons gaffes à toi, c'étons chaudart dans eul désert ".


Heeeyyyy T'aime les chiants?