Souvenirs d'une ex-ermite ou l'expérience du fractalien sans rien
Chapitre débuté par Madame
Chapitre concerne : S-MART, Madame,
Madame


Ce texte vaut une bière !
Dans un vieux carnet aux pages déchirée, une certaine Madame (?) s'est apparemment amusé à relater les déboires de sa vie post-apocalyptique. Ce sera vraiment utile pour que le héros qui passe dans le coin comprenne les positions farfelues des cadavres qu'il croisera.Chapitre 1 : Le boucher
Quand je suis sortie de ma grotte, le monde était toujours aussi ruiné que lorsque je l'avais quitté.
J'ai rencontré des gens. Ils m'ont dis où aller. Une ville bidon, flanquée sur un gigantesque pont d'autoroute qui ne reliait pas un, mais deux continents. Alors j'y suis allée.
J'aurai voulu rejoindre ceux qui m'avait aiguillé, avec leurs airs de sauveurs qui ne craignaient personnes, juste pour être tranquille. Au lieu de ça, on m'a administré une équipe de bras cassé que je n'oserai pas quitter d'une semelle. Des dingos à l'esprit presque rusé, à la bouche presque propre et au coeur presque tendre.
On a vagabondé un peu, tous ensemble. Le désert était moins solitaire avec eux. Alors qu'on se promenait dans le secteur, pas si loin du pont, j'ai quand même commencé à noter pas mal de crânes, de mouches et de cadavres que l'on venait de dépecer. Ça sentait mauvais, figurativement parlant aussi. Au troisième fémur planté dans le sable, j'ai fini par scruter les environs pour apercevoir, derrière un monticule qui s'avérait être des cadavres, une bande de types méchamment tatoués. Leur leader ressemblait à un nordique venu de loin. Du moins, j'imaginais. Faut dire que j'avais encore jamais vu de neige dans le coin.
Ils n'en avaient pas après nous, paraissait-il, n'empêche qu'on est pas resté bien longtemps dans la zone. C'était la première fois que je voyais un boucher d'aussi près. Mais ce ne serait pas la dernière fois que je verrai autant de mort.
Madame


Ce texte vaut une bière !
Chapitre 2 : L'autre villeUn jour, on est allé jusqu'à une autre ville. Je savais que y'avait de la vie ailleurs, mais ça fait quelque chose de voir autant de monde réuni au même endroit. Faut croire que les survivants ont pas le coeur à animer des émissions radios ou à faire la causette, la plupart sont murés dans leur silence, ils s'occupent de leur petites affaires... Du S-Mart à là-bas, et probablement ailleurs, c'est pareil. Je ne les blâme pas.
On a croisé plusieurs bandes de vadrouilleurs en chemin, des enfants, des je-sais-pas-trop-qui, faut dire que je me défonçais pas mal au plastique à l'époque, mes souvenirs sont un peu flous.
Je me souviens quand même d'une certaine escrimeuse qui voyageait avec sa troupe, oui, elle avait de la prestance celle-là... Je rêvais encore de prendre part aux affaires complexes de ce monde, à l'époque, j'espérai la rejoindre et embarquer dans une aventure pleine d'intrigues politiques et de trésors enfouis. En fait, tout ça me dépassait et je ne pouvais me séparer de mes compagnons. J'étais condamnée à la médiocrité des survivants de bas-étage. Étrangement, c'est là où je fus le plus confortable dans ma vie.
Enfin, ça, c'était avant que la famine, la conquête, la guerre et l'indubitable mort n'arrivent tous les uns après les autres.
Madame


Chapitre 3 : La famine de l'hiver dernier
Quand l'hiver est arrivé, c'est ma sanité mentale qui est partie, et avec elle les pauvre types qui ont pas su manger à leur faim. À passer trop de temps dans sa propre caboche, on finit par y rester.
Je me vois encore déambuler dans les rues délabrées avec mon landeau, protégeant mes rations et mon couteau comme si c'était mes mômes. À droite à gauche, les survivants devenus maigrelets vaquaient à leurs affaires, et devant comme derrière on pouvait trouver, sous quelques fourrures synthétiques ou du carton d'emballage de radiateur, des cadavres ayant crevé de froid et de faim. Il n'y avait même plus de Pumpkin Latte à la cafétéria.
Tout le monde ne mourait pas sans un bruit. Je me souviens avoir planté un type aux portes du S-Mart, quelques coups seulement, mais on était plusieurs à l'avoir cuisiné. Au sens propre et figuré, il fallait bien manger.
Un jour, une baroudeuse est arrivée. Elle avait toute ses dents et pas de sillons sur les joues. Pire que ça, elle sentait bon. Ça a du lui faire bizarre de nous voir comme ça, la moitié d'entre nous presque revenu à l'état sauvage. Heureusement, il y avait Cary, et Mercy, les patrons en chef. Avec mon petit billet, j'allais demander ma ration dans l'entrepôt en marbre blanc comme une junkie en rade. Là, on me graciait la pitance parce que j'avais bien travaillé, et je repartais chasser le rat ou bouillir du cuir. Sacré spectacle que c'est hiver là.
La baroudeuse était sympa, au point de presque vouloir accompagner notre équipe de gueux pour la prochaine sortie qui se profilait. Un rayon de soleil annonçait la fin de nos calvaires et le début du printemps. On me promit de nouvelles armes et des tas de rations. On ne mangerait plus cette foutue "soupe de poissons" mijotée à base de types plantés. Une fois encore, on avait survécu.
Quand l'hiver est arrivé, c'est ma sanité mentale qui est partie, et avec elle les pauvre types qui ont pas su manger à leur faim. À passer trop de temps dans sa propre caboche, on finit par y rester.
Je me vois encore déambuler dans les rues délabrées avec mon landeau, protégeant mes rations et mon couteau comme si c'était mes mômes. À droite à gauche, les survivants devenus maigrelets vaquaient à leurs affaires, et devant comme derrière on pouvait trouver, sous quelques fourrures synthétiques ou du carton d'emballage de radiateur, des cadavres ayant crevé de froid et de faim. Il n'y avait même plus de Pumpkin Latte à la cafétéria.
Tout le monde ne mourait pas sans un bruit. Je me souviens avoir planté un type aux portes du S-Mart, quelques coups seulement, mais on était plusieurs à l'avoir cuisiné. Au sens propre et figuré, il fallait bien manger.
Un jour, une baroudeuse est arrivée. Elle avait toute ses dents et pas de sillons sur les joues. Pire que ça, elle sentait bon. Ça a du lui faire bizarre de nous voir comme ça, la moitié d'entre nous presque revenu à l'état sauvage. Heureusement, il y avait Cary, et Mercy, les patrons en chef. Avec mon petit billet, j'allais demander ma ration dans l'entrepôt en marbre blanc comme une junkie en rade. Là, on me graciait la pitance parce que j'avais bien travaillé, et je repartais chasser le rat ou bouillir du cuir. Sacré spectacle que c'est hiver là.
La baroudeuse était sympa, au point de presque vouloir accompagner notre équipe de gueux pour la prochaine sortie qui se profilait. Un rayon de soleil annonçait la fin de nos calvaires et le début du printemps. On me promit de nouvelles armes et des tas de rations. On ne mangerait plus cette foutue "soupe de poissons" mijotée à base de types plantés. Une fois encore, on avait survécu.