1,2,3. Nous irons au bois.

Chapitre débuté par Elisabeth-Charlotte

Chapitre concerne : Mykonos, Elisabeth-Charlotte, Ronceraie,

Ce texte vaut 2 bières !

Elisabeth-Charlotte découvre la vie en communauté. Elle est le plus souvent non loin de la radio où elle passe le plus clair de son temps, ou avec Césaire qui lui a sauvé la vie. Elle n'a pas encore eu le temps de s'intéresser au groupe de survivants et observe, d'abord de loin. 
 

Vexer des inconnus est une chose, vexer ceux avec qui elle va cohabiter en est une autre. Après plusieurs jours et une soit disant expédition dans la forêt voisine de programmée afin d'effectuer le marquage des futurs arbres à abattre, l'ex-aristrocrate se décide à faire le premier pas vers les filles avec qui elle va devoir effectuer la sortie.


La brune est guindée au possible, porte de tête droit, seule sa tenue est devenu, à l'aide de quelques coups de couteaux, plus adaptés à ce qu'ils vivent. Elle inspire profondément et approche de Zora et d'Aglaé, un sourire de façade accroché sur son visage.

 

"Mesdemoiselles, permettez-moi de me présenter comme il se doit. Elisabeth-Charlotte de Bourbon, je suis ravie de voir d'autres femmes parmi ce campement somme toute assez rustre. J'ose espérer qu'avec le temps, nous deviendrons bonnes amies."
 

Oui, ce n'est pas loin de proposer du thé et des petits gâteaux. De plus, il est évident que la brune n'est pas à son aise, qu'être gentille et sociable est problématique même si elle semble réellement de bonne foi et essaie de nouer des liens.

Ce texte vaut une bière !
Aglaé ignorait encore si elle se plairait en ce lieu. Elle avait en horreur la foule, et les arrivées affluaient. 
Cela lui manquait de ne pas être planquée quelque part, à observer les allées venues des quelques hères les entourant, avant d'établir le choix d'une cible afin de dégoter de quoi survivre un peu plus. Etre volée avait fait revoir ses objectifs, empruntant cette voie là. Quel autre choix avait-elle eut ?  C'était cela ou tout simplement crever.
Sa main avait également tuée. Ayako le savait, et Zora également, mais à demi-mots.

Seulement, toutes trois ne pouvaient vivre éternellement ainsi, d'autant que les groupements forcissaient en nombre, et qu'un jour, la rencontre leur serait fatale.
Sans se projeter de trop, il fallait penser à du moyen, plutôt qu'à du court terme.


Aglaé n'avait pas vraiment compris pourquoi sa présence était nécessaire pour la dite expédition, mais elle avait accueilli cela avec une joie réprimée. Ce serait toujours l'occasion de passer un peu de temps avec Zora, en dehors de ces murs, pour la plupart décrépis.

Elle pose son regard noisette sur la jeune femme, étudiant discrètement ce sourire transpirant le factice. Le perçoit-elle ? 
Pas de main tendue en guise d'accueil, mais un léger sourire se greffe à ses lèvres.


Aglaé. Je ne me prononcerais pas sur nos futurs liens, mais y a pas de raison, dans l'absolu.  Silence.  Vous savez jouer à la pétanque ? 



 
Zora se fait discrète comme toujours et suit de près Aglaé. Telle une ombre d'ailleurs, à la manière dont elle reste cachée derrière la jeune femme.

On lui a donné des directives. Et des directives venant d'un homme, elle déteste ça. Heureusement que sa compagne de route l'accompagne, c'est déjà ça. Une lueur dans cette pénombre qui ne quitte pas ses idées depuis qu'elles sont arrivées ici.
D'ailleurs si Aglaé fait partie du voyage, c'est sans doute pour l'épauler afin qu'elle effectue sa dure besogne comme il se doit. En même temps couper du bois avec une pelle..

Mais passons ce détail laissé à l'abandon depuis trop longtemps aujourd'hui.
Elles arrivent à hauteur d'une jeune femme au prénom trop long pour être retenu si rapidement, ce qui ne l'empêche pourtant pas de lui lâcher un léger sourire en guise de salutation.


Salut. Moi c'est Zora.

Trois femmes à s'exécuter pour des hommes. Mais où va le monde ! Évidemment la brunette ne dit rien à voix haute, ce serait sans doute mal vu et elle ne veut pas chercher les problèmes.

Mais elles allaient pouvoir sortir et retrouver la fraîcheur des bois. Enfin une bonne nouvelle.

Qui joue le rôle du cochonnet ?

Sourire figé, blague nulle. La classe pour une première approche, non ?

Bon euh.. Hum.. On y va ?

Elisabeth-Charlotte lancera un regard, presque, reconnaissant à la non-main tendue. Il est vrai que, depuis le crash, l’hygiène n’est pas à son paroxysme, et sans pour autant souffrir de mysophibie, elle essaie de limiter les contacts humains.
 

« Je n’ai jamais joué à la pétanque. J’ai plus l’habitude du squash, du golf ou du yoga. » Répond-elle presque immédiatement avant de prendre quelques secondes de réflexion.
 

« Mais je ne suis pas contre l’idée d’apprendre si vous tolérez une débutante. »

Petit rire gracieux et contrôlée. On pourrait croire que la bourgeoise a sorti sa blague de l’année, la pauvre a vraiment du mal avec la sociabilisation. Et cela se verra plus encore tandis qu’elle accroche sa lèvre inférieure entre ses dents et observe les filles, les bois, les filles, les bois, ...
 

Un nouvel ange passe… La nervosité de l’ex aristocrate est à présent palpable dans ce moment cruel de solitude. Une inspiration et…
 

« Pardonnez-moi, je ne comprends pas ma propre nervosité. Je ne suis pas très douée pour me faire des amies, à dire vrai, je n’en ai jamais eu besoin avant… Avant tout cela. Ceci dit, je peux vous proposer quelque chose. Vous m’apprenez la pétanque et je vous apprends à jouer au golf. Il faudra juste que nous trouvions quelques balles. Les hauteurs de la communauté seraient parfaites pour quelques swings. » 
 

Puis l'intervention presque Divine de la petite brune qui semble aussi à l'aise que la princesse, Elisabeth la regarde, la tête légèrement penchée sur le coté, ses lèvres se plissant en une moue perplexe. Pas très pressée de devoir couper des arbres de bases parce qu'elle n'a pas de force dans les bras, n'a jamais maniée une hache, etc... Et en plus, en effet, elles n'ont qu'une pelle... Ca ressemble tout de même à une mauvaise blague vu d'ici.

" Parce qu'il nous faut des animaux de ferme pour jouer à la pétanque ?"

Souffle-t-elle, perplexe, il semblerait que la brune n'ait pas compris la blague et n'a sans doute jamais vu de partie de pétanque de sa vie.
 
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Aglaé ne prendrait évidemment pas ombrage de l'ombre féminine qui la suit, emboîtant les pas qu'elle effectue.
A la senestre, trône d'ailleurs une boule de pétanque. Lourde, brillante, le soleil jouant de reflet sur le métal. Les autres sont sagement dans le sac à dos, mais elle serait prompte à les en extraire, pour frapper.


La réponse de la brune la rend pensive. Le squash, c'était quoi ? Le sourcil droit s'arque légèrement à son rire, mais Aglaé ne prononcerait rien. A la voir le regard oscillant ainsi, elle s'interrogeait d'un quelconque problème, malgré les vérifications entreprises auparavant.

Jouer au golf. Une lueur d'intérêt traverse les yeux noisettes d'Aglaé. Une balle de golf faisait un projectile hors pair et se ramasser un club dans la tronche avait absolument tout de douloureux.


La pratique du golf, j'approuve. J'y jouais de temps à autre, sans être trop régulière et retrouver la sensation lors de la frappe... j'ai besoin de m'exercer depuis le temps.
La pétanque, c'est facile ! Je suis pas une pro, je préviens.


La question de Zora lui arrache un sourire, même la légèreté d'un rire qui s'évapore dans l'air, bien qu'il s'agissait là d'une question de la plus haute importance. Cependant la question de la brune provoque un éclat de rire, qu'elle aurait du mal à faire cesser.

Je laisse le soin à Zora de répondre, mais, le cochonnet requiert d'être présent, sinon la pétanque c'est foutu.

Un quart de tour sur elle-même, orchestré avec lenteur, tandis qu'elle épie, finissant par accrocher un fugace sourire aux lèvres. Sans attendre, de s'éloigner de quelques pas et se pencher, la main raflant un objet, qu'elle fourre dans la poche de son short noir en jean.

Allons y ! 

Prend les affaires lui étant dévolues, se dirigeant déjà vers la sortie.


 
Si la blague de Zora semble faire mouche du côté d'Aglaé, ce que lui sort Charlotte vient la prendre complètement au dépourvu. Serait-ce une blague, ça aussi ? Ou est-ce une réelle question que la brunette n'arrive pas à prendre au premier degré?

Euuuh... Quoi?

Et de répondre, les yeux rivés sur sa compagne de route, déjà à se munir du dit cochonnet.

C'est euh.. Non. On joue pas à la pétanque avec des animaux. Ça pourrait être dangereux !
Le cochonnet c'est... un objet tout petit. Il faut lancer les boules le plus près. C'est le but. Enfin voilà...


Une main à l'arrière de son crâne, elle plisse les yeux à réfléchir si elle n'aurait pas du répondre autrement à la question.
Heureusement l'échappatoire que lui offre Aglaé est accepté volontiers.


Oui, faut pas trainer, après tout !

Heureusement que personne ne lui avait demandé son avis sur le golf ou le squash...
Elisabeth se détend un peu, son sourire de convenance semble être, progressivement, remplacé par un sourire sincère qui fait pétiller ses prunelles et la rend plus jeune.
 
" Et bien soit, vendu pour le golf. Je verrai si j'arrive à nous obtenir le matériel adéquat afin de s'entraîner un peu en hauteur et un esclave, ou un chien, histoire de nous rapporter les balles."
 
L'éclat de rire d'Aglaé fait froncer le nez de la brune qui passe son regard sur chacune des filles, alternativement, elle allait demander si elle avait dit quelque chose, mais Zora débute son explication.
 
"Oh !" Sera le premier sons qui s'échappe de la moue perplexe de la bourgeoise avant qu'un sourire ne grime à nouveau son visage. " J'ai compris, ce jeu à l'air amusant, merci. J'espère qu'il ne sera pas trop salissant."
 
Elle prendra le pas à la suite des filles, ravie de mettre un peu le nez dehors, loin de la radio bien qu'elle ne loupe pas ses séances de yoga matinal depuis qu'ils sont arrivés à Mykonos.
Très peu consciente d'un danger potentiel, Élisabeth poursuit sa tentative de sociabilisation avec un engouement certains.
 
"Vous êtes arrivées toutes les deux ensembles avec une autre femme. Vous vous connaissiez d'avant la catastrophe ? Et vous veniez d'où ?"
Le sourcil droit prend un arqué prononcé à la réponse, avant de plisser les lèvres.  Etait-ce vraiment du sérieux ou plaisantait-elle ? 
L'intonation prend un peu de sècheresse.


Un esclave, rien que ça ? C'est comme ça que vous nommiez ceux qui allaient les chercher, avant ? Un soupir agacé franchit le seuil de ses lèvres. On dirait que l'abolition n'a jamais existé pour vous. Un nouveau soupir, consternée.  Et après on s'étonne que le monde soit parti en couille. Denier soupir.


Le trajet jusqu'à la forêt n'avait rien de difficile ou de délicat, et ce n'était pas la première fois qu'il était emprunté d'ailleurs. 
Ce panorama d'arbres dressés haut plaisait particulièrement à la jeune femme, et elle aimait à s'y rendre, sous ce couvert protecteur et fleurant bon.
Un court instant à fermer les paupières, laissant pleinement les sons envahir ses oreilles.


Non. Il n'y avait que Zora et moi. Ayako nous aura rejoint bien après. Rouvre les paupières, baissant aussitôt les yeux pour s'habituer à la clarté. Le sourire fleurit sur ses lèvres, la voix adopte la douceur.  Notre rencontre est dû au hasard et le hasard sait parfois bien faire les choses. Un clin d'œil vers Zora. Sans elles, je ne serais pas ici aujourd'hui. D'un ton convaincu.

L'orée des bois s'offre plus distinctement au regard. Elles étaient presque arrivées.


 
Si Zora ne fait pas attention à la remarque concernant le chien ou l'esclave, sans doute trop réfléchie sur leur future mission ou à chercher comment ne pas croiser un homme sur son chemin, le détail n'échappe en rien à son amie qui tique dans la seconde.

Haussement de sourcils par la surprise qui se dessine sur son visage lorsqu'elle revient dans la conversation, ses yeux quittant le sol instantanément. A croire que le golf n'est tellement pas sa tasse de thé, qu'elle semble experte pour occulter les échanges entre les jeunes femmes de son propre espace.

Aucun son ne s'échappe de sa bouche entrouverte qu'elle referme aussi sec par..
Manque d'arguments? Aucune envie de participer à ce genre de débat? Flemme? Même elle ne sait pas. Elle hausse les épaules et enfile ses pas dans ceux d'Aglaé, comme si chaque empreinte était protégée par une grâce divine.

En tout cas, elle ne se fera pas manger par les crocodiles..


Et elle relève de nouveau la tête, sortant visiblement de ses pensées, prête à répondre aux questions posées.
Mais qu'il est bon d'entendre une voix réconfortante parler à sa place, surtout pour dire de telles choses !

Le sourire vient alors gagner les lèvres de la brunette. Elle qui fixe maintenant la pelle, se demandant comment elle va bien pouvoir s'en servir.


Tu commences?

Interrogeant Charlotte du regard avant d'ajouter à son tour.

C'est vrai que c'était un super hasard. J'étais vraiment perdue. Et si on s'était pas croisées, je donne pas chère de ma peau.
Encore merci patronne!


Un clin d'oeil à l'intéressée.

" Non, avant, c'étaient des salariés. Mais, soyons honnête, c'était la même chose. L'abolition a existé, un bref moment en tout cas. Je ne vais pas m'en cacher, mes ancêtres se sont enrichis sur le dos d'autres personnes, qu'ils soient appelés esclaves ou non. C'est ainsi. À moins d'avoir suffisamment d'argent pour s'affranchir même de la loi, tous étaient des esclaves."
 

La voix est neutre, c'est un genre de constat que fait Élisabeth. Un sourire presque contrit ourle ses lèvres tandis qu'elle ajoute.
 

" Ceci dit, pour le chercheur de balle, c'était une boutade. Visiblement pas à votre goût, mais je tentais simplement un trait d'humour."
 

C'est presque touchant de voir Zora évoluer derrière Aglaé, telle une enfant sauvage. L'aristo écoute les filles parler de leurs rencontres en les observants, il est évident qu'un lien fort, c'est construit entre elles.
 

"Vous vous êtes bien trouvées." Souffle-t-elle avant de récupérer la pelle des mains de Zora. Élisabeth observe les alentours, se reculant pour observer les différents arbres.

" Lesquels vous paraissent les plus utiles pour la construction dont nous avons besoin ?"
 

Tout en demandant, elle viendra mettre un coup de pelle sur l'écorce d'un des arbres, puis un second afin de former une croix. Elle retire un peu plus d'écorce, marquant ainsi, de manière claire, le tronc.
 

"Je ne sais pas exactement combien il nous en faut, mais les hommes pourront ensuite venir couper les troncs que nous aurons marqués."
 

Ne vois pas comment expliquer autrement le fait que trois femmes pas très épaisses puissent couper des arbres avec une pelle...

J'ai donc l'immense chance d'être née avec la peau blanche, à vous entendre. Je comprends mieux, bien mieux.  Une pause.  Vous devez infiniment regretter cette richesse qui aura fructifiée sur des siècles, et qui... Regarde brièvement le ciel. Envolée ! 

J'ai peut-être écarté tout trait d'humour, au vu des tarés qui traînent partout. Passons, mais je vais pas m'excuser pour mes propos. 



Pénétrant dans les sous-bois, Aglaé inspire profondément l'air environnant, adorant l'odeur d'écorce et celle de la mousse siégeant au pied des arbres, tel un socle formant piédestal pour ces géants s'élevant dans les airs, avec cette majesté naturelle.
L'homme n'est qu'une minuscule fourmi face à eux.
Un instant ailleurs, venant humer de plus près ceux qui seraient abattus, laissant courir ses doigts sur l'écorce, comme une excuse leur étant adressée.
Puis de les désigner un à un.


Celui-là, ici, ici, et ici !

S'il ne tenait qu'à elle, personne n'y toucherait. Ils étaient le remède aux poisons créés par les dites fourmis.

Une lueur d'amusement pare son regard en direction de Zora, et bien que la réaction soit tardive pour la
patronne, là n'était pas l'important.

Le travail va débuter. J'ai une hache en ma possession, et des gants.

Se défait du sac à dos, et se penchant, l'ouvre pour extraire une hache dont la tête aura été enveloppé dans du tissu. La soupèse un instant, avant de la poser au sol, tête vers le bas, puis saisit deux paires de gants, relativement épais.

Qui commence ? Imitant Zora.

 
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Toujours dans leur débat sur la liberté humaine, Zora prend le temps de regarder les arbres à son tour. Vision globalement différente par sa petite taille, ses doigts n'hésitant pas à prévenir l'écorce de leur future liberté céleste.

Puis elle revient vers les jeunes femmes lorsque enfin la question de se mettre au travail prend le dessus sur l'esclavage et sur cette histoire de couleur de peau que la minus ne comprend pas vraiment.
Alors, imitant la manière de remonter ses manches sans pour autant le faire, la brunette vient attraper la hache que lui tend son amie avec une mine déterminée.


Allez, je m'y colle !

Elle pose la hâche contre sa jambe puis enfile les gants sans quitter sa cible du regard.
Gringalette comme fille, mais le premier coup qu'elle donne dans un arbre mort désigné par Aglaé vient facilement résonner dans l'orée du bois.

Elle lâche un cri au deuxième, comme en plein match de tennis. Ce qui pourrait certainement plaire à Charlotte. Mais plus les coups de hache s’enchaînent et plus Zora semble, non pas de s'affairer à sa tâche, mais de se défouler sur l'arbre qui finit par s'écrouler de faiblesse.


Et de un...

Son bras se tend vers sa collègue pour lui laisser l'arme destructrice à son tour. De l'autre, elle vient visiblement essuyer quelques larmes du revers de sa manche.

A toi.

Et de ses yeux rougis de larmes ou de colère, son regard se porte un bref instant sur Aglaé.

Il semble creux. Il sera facile à trainer, celui là. Pas la peine de le hacher menu ici. On gagnera du temps comme ça.

Puis en direction de Charlotte, tout en retirant cette fois les gants et avec un sourire qui force à en effacer ses traits tirés.

Montre nous ce que t'as dans les bras, maintenant. Peut-être que le golf ou je sais pas quoi d'autre va t'aider.
Pas d'esclave, ici.


Non pas un sourire moqueur, mais plus quelque chose de bienveillant lorsque les gants abandonnent ses paumes légèrement rougies par l'effort.
À la remarque d'Aglaé sur la couleur de peau, Élisabeth semble perplexe. Elle fronce un instant les sourcils en réfléchissant au raccourci qui vient d'être effectué puis se mettra à rire.

« Je ne suis pas raciste, mademoiselle, la couleur de peau n'a rien à voir dans l'esclavage moderne. Oui, je regrette évidemment mon ancienne position. Comment ne pas regretter d'avoir une vie aisée ? J'avais tout ce dont je pouvais avoir envie, ma seule préoccupation était de savoir bien m'entourer. Cela serait mal venu et mensongé que d'en affirmer le contraire. Je ne sais pas ce que vous avez vécu, cela vous appartient. Et même si nous sommes toutes les trois très différentes, nous sommes actuellement au même endroit à lutter pour la même chose : notre survie. »

Élisabeth se sera exprimé avec douceur, même bienveillance lorsqu'on parvient à passer outre son petit accent bourgeois emprunt de suffisance – ce qui, je vous l'accorde, n'est pas chose facile - et ne reviendra pas sur l'incompréhension, seul un sourire grime à nouveau son visage.

Aglaé semble savoir ce qu'elle fait et désigne plusieurs arbres avant de dire qu'elles vont devoir les couper. Ce n'est pas un rire contrôlé cette fois-ci qui échappe aux lèvres de la bourgeoise, mais un éclat – clairement jaune - d'un fou rire évident qui la prend jusqu'aux larmes.


« Vous... Ah ah ah... Ne songez pas…. Oh mon dieu » nouvel éclat de rire qui la pli presque en deux alors qu'elle tend une main devant elle comme demandé un instant afin qu'elle puisse se reprendre. Il lui faudra plusieurs minutes à s'esclaffer et pouffer tout en cherchant diverses inspirations plus ou moins profondes pour reprendre un semblant de contrôle et de calme. Les joues luisantes de larmes, elle parvient à finir sa phrase « Ohhh, pardon ! Vous ne pensez tout de même pas que je vais, moi, couper un arbre ? »

Nouveau gloussement en fin de phrase tellement cette situation est ridicule pour la princesse, presque lunaire. Césaire doit être en train de ricaner dans son coin en imaginant la scène, elle comprend mieux maintenant pourquoi il ne s'est pas joint à la sortie.

Zora, quant à elle, prends les choses en main, enfin la hache, et commence son œuvre. Voir ainsi un aussi petit bout de femme découper l'arbre avec des petits bras suscite une admiration certaine chez la princesse qui a enfin cessé de rire. Elle plissera même le nez, emprunte de compassion devant les larmes visibles sur les joues. Évidemment, elle ne comprend pas le fond, bien trop encré dans son Ancien Monde de surconsommation pour avoir de la peine pour un arbre, mais la petite brune est malgré tout terriblement touchante, c'est sans doute la raison principale qui fera qu'elle tentera de s'y coller ensuite.

Elle avale sa salive alors que les gants sont tendus de manière plutôt bienveillante. Elle n'en revient pas de ce qu'elle s'apprête à faire, prenant la hache comme on tiendrait un club de golf, elle se met en position et là, c'est le drame. Aucune puissance, rien… Au mieux, une caresse, la hache glisse contre le tronc et manque de peu de finir dans la jambe d'Élisabeth. C'est mal barré cette histoire... Elle retentera, mais sans grand succès supplémentaire. Il paraît évident qu'elle n'a jamais coupé un arbre de sa vie où fait de tel travaux physique, la situation traîne sur le comique de répétition bien malgré elle à chaque nouvelle tentative.
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Bon nombre d'entre nous doivent avoir ce type de regrets, et d'autres, pas du tout, notamment ceux qui croupissaient en taule et qui doivent être heureux de cette liberté prématurée, mais, il n'empêche que traiter les autres d'esclaves est un manque de respect. Surtout pour des balles de golf... Nous ne serons pas d'accord.

La survie. L'instinct y est pour beaucoup.
 Conclue-t-elle en songeant à sa main rougie par le sang, lors de cette mise à mort.


Désormais, il était temps de se mettre à l'ouvrage, avant que la nuit ne les recouvre de son linceul, bien que cela ne la dérangerait pas trop, au fond.

Etonnée par la réaction ? Nullement. Ce rire jeune lui plaît, car elle devine aisément ce qu'il va se passer, à quelques détails près, évidemment.  Elle patiente sagement, laissant son pied tapoter doucement le sol, ses yeux ne quittant pas la jeune femme pendant toute la durée à s'esclaffer ainsi.
Un sourire aussi malicieux que moqueur point à ses lèvres, mais la voix qui en franchirait le seuil de ces dernières, serait sérieuse.


Remise ? Un peu et je pensais vous voir tomber dans les vaps ou vous étouffer. Vous croyiez vraiment qu'on venait à trois pour marquer des arbres ? Quel intérêt ? Silence. La survie, vous avez oublié ? Ca passe par trimer un peu, pour tous. Vous n'êtes pas exemptée.

Aglaé esquisse un sourire, certaine que Zora serait la première à manier la hache, qu'elle lui tendrait volontiers, avant de l'observer en pleine préparation.

Le premier coup résonne fortement, mais elle n'entend pas le bruit d'ailes qu'on aurait pu espérer, et ce n'est pas faute de ne pas tendre l'oreille, ni de ne pas lever le regard en direction du ciel.
Report sur Zora, qui crit. Nul sursaut, mais un éclair de fierté traversant les prunelles.
La cadence devient progressivement régulière, formant une cacophonie assourdissante.
La nuance ne passe pas inaperçue, provoquant la venue d'un sourire. Se défouler était si agréable.

Le bois grince et gémit, avant que le tronc ne s'échoue, en quelques sursauts, sur le sol.
Aglaé plonge la main dans le sac à dos, en tirant une bouteille d'eau qu'elle lui tendrait, écoutant le propos.


Parfait ! On pourra le débiter tranquillement.

L'échange avec Elisabeth-Charlotte ne tomberait pas dans l'oreille d'une sourde. Un rire lui échapperait au dernier mot de Zora.
Pendant ce temps, elle fouillerait dans un autre sac, saisissant les cordes qui serviraient à traîner le bois. Vivement que soit dégoté des brouettes, voire bien mieux pour le transport. En attendant, il faudrait faire avec le strict minimum.

Portant les cordes jusqu'à l'arbre de Zora, d'étudier attentivement où celles-ci seraient placées, afin d'économiser leurs forces. Aucune d'elles ne faisaient deux mètres de haut, ni n'étaient musclées à outrance. Déja, elle s'affairait à encercler le tronc, répétant le geste plusieurs fois et s'assurant du maintien. Satisfaite, d'obliquer le regard vers la bûcheronne en herbe.


STOP ! Crie-t-elle de sa position.

Aglaé évolue rapidement vers elle, et autoritairement, lui ravie la hache afin de se diriger vers un arbre plus jeune, dont le tronc est bien moins épais que celui dont s'est chargée Zora.
De passer la paume sur l'écorce, avant de reculer et empoigner correctement le manche de la hache.


Regardez, regardez bien !

Ajuste sa position, laissant les bras se déployer,en avant, puis revenir vers elle, pratiquant cela plusieurs fois, comme s'équilibrant avec l'outil qu'elle détient, et qui devient comme une partie de son corps.  Puis elle abat la hache contre le tronc, entaillant la fine écorce, et répète ce même geste quatre fois, formant alors une marque bien nette.

Je vous laisse continuer. Tendant la hache en même temps et sitôt la main libérée, s'écartera de quelques pas.


 
Si le rire de Charlotte ne l'avait pas plus perturbée que ça, sans doute était-elle trop concentrée sur sa propre tâche, la voir se démener pour si peu lui ôta un rire étouffé. Une bonne toux tout au plus que Zora essaie de camoufler dans le creux de son coude.

Il va falloir s'entrainer, c'est sûr.

Un léger sourire toujours amusé qu'elle cherche à cacher, la tête en avant et tournée vers cet arbre allongé au sol. Gérer ses émotions ce n'est pas son fort, clairement.

Mais comme pour s'empêcher de continuer à rire dans ses moustaches imaginaires, la brunette vient continuer le ligotage de l'arbre le temps qu'Aglaé se lance dans son cours d'abattage.

Quelques coups d'oeil dans sa direction. Elle en prendra note pour la prochaine fois, c'est sûr.


Allez, courage Charlotte, tu vas y arriver !
Aglaé le stop net et l’empêche sans doute de se blesser vu sa posture catastrophique. Enfin c’est déjà très bien qu’elle tente le coup. Il y a plusieurs semaines, elle aurait refusé tout net et aurait simplement tourné le dos pour s’en aller. Il y a du progrès. Elisabeth lance un regard de biais vers Zora qui a bien du mal à masquer un rire, plissant le nez brièvement mais sans relever. Après tout, la situation est désespérément risible, même pour elle.

« Il semblerait oui… » Répondra-t-elle à Zora lorsqu’elle lui dit qu’il faudra s’entrainer tout en observant Aglaé qui s’improvise formatrice en bucheronnage. Où va-t-on ? Je vous le demande. Cependant l’aristocrate fait un effort, mettant son ego de coté pour faire corps commun avec les filles et tenter de faire sa part. « Allez y je vous regarde. » souffle-t-elle à Aglaé qui ajuste sa position. Elisabeth observe aussi bien la posture des pieds que la rotation ou la prise sur le manche. Il apparait clair que, si elles sortent aujourd’hui toutes les trois pour accomplir cette tâche ingrate, elles y retourneront sans doute et bien plus vite que prévu.

Elle viendra saisir, délicatement, la hache des mains d’Aglaé en hochant la tête, évitant de parler pour ne pas avoir envie de râler, de s’insurger ou que sais-je, et se met en place en imitant les postures précédentes des filles. Un sourire reconnaissant vers l’encouragement de Zora et c’est parti.
Le premier coup est hésitant, le second pas très précis malgré la marque déjà présente.

« Je vais y arriver. » Dit-elle d’un ton qui se veux résolu comme pour rassurer les filles et se rassurer elle-même. Une nouvelle inspiration, elle gaine tout son corps en se repositionnant et donne un nouveau coup, puis un autre, et un autre… A mesure que les coups pleuvent, ils deviennent plus précis, un peu plus puissant bien que cela manque encore de force, se sera un peu plus mais elle parvient à grignoter le bois à chaque nouveau coup de hache qui raisonne dans ce foret bien trop silencieuse. Après un moment, en étant passé de l’autre coté pour faire de même, une simple pression de la main fera tomber l’arbre. Elle est épuisée, redonnant la hache à Aglaé tout en regardant ses mains couvertes d’égratignures et d’ampoule en formation mais, à sa grande surprise, cette vision lui arrache un sourire de fierté.

« Merci Aglaé, merci Zora. » dit-elle, sincère, en cherchant son souffle tout en secouant ses mains pendant que les filles semblent redoubler d’ingéniosités pour fabriquer un traineau de cordage afin de pouvoir tracter les troncs.
Aglaé possédait-elle du professionnalisme en matière d'abattage d'arbres, ou ses connaissances étaient en définitive, bien minimalistes ? Peut-être avait-elle observé de vrais bûcherons, voire avait visionné des vidéos sur le net. Qui saurait ? L'important était qu'elle soit écoutée et que sa parole ne soit pas remise en doute.

Les mains en opposition sur le manche, de coller puis décoller ses doigts, jusqu'à être assurée de sa prise et, ainsi, débuter la démonstration effectuée sans le port des gants, ce qui lui échaufferait particulièrement les paumes, mais il n'était pas dans ses projets d'aller jusqu'au bout de cette performance. 
Chacune des frappes provoquerait le tremblement des membres supérieurs, mais elle encaisse néanmoins la petite onde de choc qui se répand. C'en devenait même agréable.

La hache est cédée, et ce, sans avoir le besoin d'insister, ce qui s'annonçait prometteur. Fugace sourire de satisfaction ornant ses traits.
Elle estimerait cela quelque peu brouillon, mais les efforts semblent bien présents, et ce n'était qu'en pratiquant que l'on était susceptible de s'améliorer. Peut-être deviendrait-elle plus appliquée avec le temps.

Aglaé s'éloigne davantage, sous peine de se ramasser les branches de l'abattu pour un magistral coup de fouet.


Attention où ça tombe, se prendre un arbre sur la tronche c'est un coup à pas se relever.

La hache récupérée, d'offrir de l'eau pour se désaltérer, tout en disant quelques mots alors qu'elle enfonce ses mains dans les gants.

Nous allons finir le cordage, élaguer ce qui fait besoin, puis on pourra rentrer. On rassemble ce qui restera ici, en prévision d'un prochain transport.

Sitôt prononcé, qu'Aglaé ne perdrait pas de temps pour trancher les fines branches du jeune arbre, le dépouillant progressivement de sa ramure.
 
Ce texte vaut une bière !
Sérieuse dans sa tâche, la brunette continue de ficeler le tronc comme un porcelet. Loin d'avoir envie de se faire rappeler à l'ordre de retour au bercail. Elle semble s'appliquer, la langue tirée sur le côté de concentration, oubliant soudainement tout ce qui l'entoure jusqu'à même Charlotte qui finit finalement par s'en sortir.

Avec un prof pareil, elle n'en doutait pas.


VOI-LA !

Maintenant debout à se frotter machinalement les mains, puis les cuisses comme si elle pouvait retirer ces traces de terre persistantes sur son jean. Elle est maintenant prête à reprendre la route jusqu'à leur futur coin de paradis. Après tout elles bossent ici pour ça, non ?

Bon, j'ai peut-être plus trop de bras là maintenant, mais j'ai encore des jambes ! On fait la course?

Large sourire, les mains sur les hanches, prête à affronter le monde mais loin de vouloir rentrer seule. Ça non, Vraiment pas.

En tout cas, la voilà déjà à passer ses bras entre les cordes pour tracter ce morceau d'arbre mort. Bois de chauffage ou autre elle n'en sait encore rien, pour le moment elle fait seulement ce qu'on lui demande. Une sorte d'habitude, probablement.
Les filles ne s'arrêtent que quelques instants pour observer, décider, elles sont efficaces à n'en point douter alors que pour Élisabeth, c'est tout autre chose. Elle est épuisée, fourbue, ses mains semblent pulser comme les basses d'une musique techno. Elle peine à retrouver son souffle et découvre même l'existence de muscles qu'elle ne connaissait pas, et ce n'est que le début... La journée du lendemain risque de s'avérer particulièrement douloureuse pour l'apprenti bûcheronne.

Alors qu'Aglaé la met en garde pour savoir où ça tombe, le réflexe de la bourgeoise est signe d'un pathétique et presque cruel manque d'instinct de survie puisqu'elle met ses mains sur sa tête et lâche un couinement sans faire un seul mouvement. Heureusement pour elle, l'arbre a choisi une tout autre trajectoire et évite par la même ses compagnes d'infortune. 

À propos de compagnes d'infortune, Zora semble totalement à son aise, elle crapahute, agile de-ci de-là, se concentrant à sa tâche, un rire affectueux échappera à Élisabeth en voyant la concentration qui va jusqu'à la langue tirée. Elle lâchera d'ailleurs à son attention, tout en secouant toujours ses mains douloureuses de son ton hautain habituel.


"Attention, vous bavez, ma chère !"

Pour la bourgeoise, c'était un signe d'affection, mais puisqu'elles ne se connaissent pas, il a un vrai risque que cela soit pris différemment, à voir. Et lorsque cette dernière propose une course, Élisabeth manque de défaillir.

" Je ne sais pas d'où vous tirez toute cette énergie Zora."

Elle-même est littéralement au bout de sa vie, elle n'a même pas réellement la force de tirer le bout de bois et tente clairement d'esquiver cette corvée, elle tirera si elle voit que c'est nécessaire, mais sera presque plus un poids à traîner en même temps que l'arbre pour les deux femmes courageuses. C'est là aussi qu'Aglaé parle d'un nouveau voyage, elle pourra voir la mine déconfite de la princesse.

" Vous voulez dire que nous allons devoir y retourner ?"
A cette mise en garde justifiée, la réaction de l'apprentie qui en découlerait, ornerait ses traits de perplexité, et d'un profond dépit luisant dans les prunelles noisette.
Aglaé aurait-elle agi pour lui éviter que l'arbre lui fracasse le crâne ? Le doute était permis. 


J'en reviens pas ! C'était quoi ça ! T'es même pas foutu d'avoir un minimum de bon sens ! La prochaine fois, colle toi à l'arbre et fais toi écraser, ça m'économisera du temps. Bref silence, rajoutant, le timbre aussi sec que précédemment. A couiner comme une truie, tu vas nous attirer des sangliers !

Aglaé, avait-elle utilisé toute la patience dont elle était dotée, ou venait-elle simplement de perdre son sang-froid, à cause de ces branches qui avaient failli lui offrir une belle balafre ? 
Heureusement que Zora était présente, car Elisabeth-Charlotte aurait pu ne pas revenir indemne de cette aventure bûcheronne. Bien que ce n'était pas encore terminé.


Hache en mains, de procéder au ramage de l'arbre, s'interrompant pour fixer la jeune femme d'un regard peu amène, à cette réflexion pour Zora, puis de reprendre sa tâche, une fois ce message silencieux passé.
La dernière branche craquerait enfin, et ce serait lors de l'octroi d'une pause qu'elle répliquerait, passant son bras sur son front constellé de sueur.


Oui. Je doute que le peu que nous ramenions fasse long feu, non je crois pas que y ait un bûcher de prévu, bien que... Tu déclares forfait ? Reprenant ce tutoiement utilisé plus tôt, n'ayant pas l'intention de revenir à du vouvoiement, et ce n'était pas signe d'une familiarité amicale.

La hache trônant sagement contre un arbre, prenant sa dose de repos après un tel échauffement, Aglaé s'emploierait à rassembler les branches découpées pour transformer ceci en un tas de bois, qui aurait le bon goût de ne pas se casser la gueule, car agencé correctement.


Je décline pour la course, c'est un coup à finir à genoux ! Le ton amusé. En route. Nous reviendrons pour celui-là, et qui sait, sans un poids mort... Avec sérieux.


 
Si Zora avait semblé sérieuse dans sa tâche voire carrément dans ses pensées jusque là. La remarque de Charlotte lui fait stopper ses gestes, jusqu'à se passer le dos de sa main à ses lèvres. Rien.

Les sourcils alors froncés, l'image de se comporter tel un chien, ne la fait en rien sourire. Surtout en connaissant maintenant le passé de la bourgeoise. Inutile de préciser que Zora n'a aucune envie de se retrouver à quatre pattes pour la suivre partout et lui nettoyer son petit linge.

Mais alors que la brunette se montre prête à reprendre chemin à l'envers, à moitié ficelée à son tronc pour le faire avancer d'à peine quelques mètres déjà et libérer l'espace, la voix d'Aglaé s'élève brusquement.

Et comme par réflexe sans doute, la minus s'accroupit directement, à la limite de se retrouver en boule, cherchant du regard la direction d'où la voix s'échappe.
L'attaque sonore n'est pas dirigée vers elle, un léger brin de réconfort. Ses épaules se détendent alors et la voilà à reprendre sa tâche comme si de rien était.

En tout cas, elle évite maintenant de croiser ne serait-ce qu'un regard. La tension est à son comble et même les oiseaux aux alentours semblent s'en être rendus compte. Plus un piaillement. A croire que Charlotte en aurait fait tomber le mauvais arbre, d'ailleurs.

Puis enfin l'heure du retour. Il était temps.


Allons-y, oui. Avant que la nuit nous tombe dessus.

Même si l'invitation à la course du siècle est déclinée par les autres jeunes femmes, cela n'empêche pas Zora de se positionner en tête. De cette manière, cela lui évite certainement de devoir jouer les arbitres entre les deux autres bûcheronnes.
Une compteuse de points qui se laisser voler un sourire en coin par son amie, à la remarque piquante évoquant un poids mort à éviter au prochain aller-retour.

Le chemin du retour allait être sensationnel, pour sûr.
Elisabeth-Charlotte de Bourbon, espèce rare en voie de disparition, à se demander même comment elle a pu survivre jusque-là, réponse évidente, la chance de tomber sur les bonnes personnes, dans un cas contraire, rien n'aurait été la même, c'est une évidence. 

L'arbre tombe, ce qui en soit, est déjà énorme, certes il a fallit l'emporter avec, sa carrière de bucheronne aurait eu une fin prématurée mais il est particulièrement difficile de changer l'instinct lui-même. Elle est encore sous le choc d'ailleurs lorsque l'une de ses compagnes d'infortune se met à l'invectiver sèchement et la traiter de truie. Il n'en faudra pas bien plus pour qu'une phrase ne raisonne dans sa tête, l'aidant quelques peu à sortir de cette état de peur. Elle ne dit rien pour autant, pas immédiatement, attendant sans doute que son coeur cesse de vouloir s'enfuir de sa poitrine en arrachant par la même quelques côtes.

Elle tente même un trait d'humour, incompris une fois de plus, décidément ils n'ont pas le même humour ou alors personne ne cherche à faire l'effort en tout cas. Le reste de la petite excursion se passe dans un silence relatif, elle viendra aider Zora à tracter le tronc en attrapant une corde et en serrant les dents durant tout le chemin même si la remarque méchante d'Aglaé s'avère plus blessante que vexante. 


Une fois arrivée au village en reconstruction, elle prendra une gorgée d'eau, ses mains sont dans un sale état puisqu'elle n'avait pas mis de gant et tout son corps la fait souffrir, mais elle se redressera, gardant un port de tête haute et masquant ses ressentis, ça, elle maîtrise à la perfection. Elle pivotera face aux jeunes femmes.

" Zora, cela a été un plaisir de vous rencontrer, je vous présente mes excuses si vous n'avez pas compris mon humour pour la langue... C'était peut-être maladroit, qu'en sais-je, en tout cas, ce n'était pas mon intention que de vous vexer bien au contraire. Je vous trouve touchante."

Le ton est amical bien que neutre. Elle tournera ensuite le visage vers Aglaé ; ses prunelles luisantes d'un éclat un peu différent cette fois, une sorte de résolution ou de colère, qui saurait le dire ?

" Je ne sais pas qui vous êtes, d'où vous venez et à dire vrai, même si j'aurais aimé que nous apprenions à nous connaître, je n'en ai plus l'envie actuellement. 
Vous vous comportez comme une petite cheffe frustrée et autoritaire, or, si Zora semble vous obéir, n'escomptez pas que ce soit mon cas, je ne suis pas votre sous-fifre, rentrez bien cela dans votre petite tête !
Vous n'avez eu de cesse que de juger mes propos de la pire manière, nous ne serons pas amies ? Parfait, je m'en porterais très bien et mes nuits n'en seront pas dérangées. Mais ! Ne vous avisez plus jamais de me parler comme vous venez de le faire et si vous préférez que je reste ici, grand bien vous fasse ! Ce n'est pas vous qui décidez et ce n'est pas moi non plus, nous n'auront donc pas d'autres choix que de tenter de nous supporter. 
Alors je vous propose simplement que vous appreniez, tout comme moi, à fermer votre bouche et nos futures excursions seront sans doute bien plus agréables. "
Aglaé s'attendait à avoir une réponse, mais rien ne viendrait, ce qui l'étonnerait un minimum, avant de ne plus y penser du tout, alors qu'il fallait désormais se hâter un peu.

Au sein d'une corde, d'y établir quelques branches, et ficeler durablement le tas organisé, l'en soupesant ensuite. Tel un panier avec des anses, de soulever le fagot, en n'oubliant pas de récupérer la hache et de se diriger là où traïnent encore les affaires apportées.
Le regard ne manque pas de se lever vers le ciel à la remarque de Zora, le pli se formant à ses lèvres. Sans pauses excessives, le temps ne la fuirait pas.
Un sac à son dos, l'autre accompagnerait la hache et la pelle dans la main libre.
Un retour étonnamment silencieux, si l'on exceptait les sons liés à l'effort, et sans que l'une des armes en sa possession ne soit projetée.



Mykonos est en vue, la journée touchant presque à sa fin.  
Quelques mouvements de bras auront été effectués afin de soulager à minima les membres du poids portés. Heureusement qu'elle n'était pas dans un état déplorable pour sa part, bien que la fatigue se faisait ressentir.

Le fagot est déposé en plein milieu, afin que les branches sèchent au soleil, avant d'être entreposés ailleurs. Plie et déplie son bras plusieurs fois, avant de poser les outils, tête vers le bas, sur le sol. Sans s'avachir contre les manches,  de prendre appui de ses mains.
Si Aglaé parvenait parfois à dissimuler ses émotions, elle n'avait aucune raison de s'y prêter en cet instant. La mention de l'obéissance de Zora envers elle-même, obscurcit ses yeux.
L'intonation est relativement coupante, les mots claquant avec ce calme qui la caractérisait assez souvent.


Je récapitule, ouvre bien grand tes oreilles. De un, tu pouvais rentrer avec un pied en moins. De deux, tu pouvais pisser le sang, tellement que tu serais resté comme une conne dans ces bois. De trois, si la hache t'avait embroché,  le pied ou la jambe, ou les deux, tu étais bonne pour une amputation suite à une gangrène, sans même savoir si tu crèverais pas de cette découpe, jusqu'à l'os. En fait, on peut monter large à cinq. De six, tu as failli me défigurer par les branches de l'arbre, si je ne m'étais pas écartée. 
De sept, tu pouvais nous bousiller la seule hache que nous possédons. Je continue ?
 Une brève pause. Je crois, au contraire, avoir été patiente, très patiente, mais j'estime que tu es un danger pour toi-même, et pire, pour les autres. Un sourire indéfinissable se dessine. Faudrait savoir si je décide ou si je ne décide pas, je nomme ça de la contradiction.  C'est con, j'ai malheureusement du mal à la fermer, ma gueule. Les outils reviennent dans ses mains. Une dernière chose. Ne t'avise plus de dire que Zora m'obéit. Elle est mon égale, que ce soit bien clair.

J'ai à faire. La nuit n'attend pas.


Sans un mot de plus, Aglaé s'éloignerait, outils en main, l'allure décontractée, mais visiblement  empressée.

 
Ce texte vaut une bière !
Long chemin de retour, seulement bercé par le silence et les regards échangés sans un mot entre chacune. Même une mouche aurait pu se sentir de trop par le convoi de bois, prêt à s'enflammer à la moindre remarque. Ambiance.

Puis comme au milieu d'un ring. Zora semble n'être que le petit arbitre, à deux doigts de se prendre une mandale perdue.
En tout cas, sur ce coup elle préfère rester silencieuse et ne pas prendre part à leur débat. Chacune semble apporter de bons arguments et la minus ne se sent en rien âme de juge ce soir.

Car oui, le soleil vient doucement laisser sa place à la lune quand le petit groupe de bûcheronnes en herbe finit par passer les portes de leur coin de paradis.

Alors, en plein milieu de leur... discussion, les épaules marquées par la corde quand la brunette finit par lâcher son fardeau pour s'en dépêtrer, la voilà à soupirer tout en s'étirant le dos en arrière.

Grimaçante de son côté à en observer leur livraison, une main sur l'épaule tandis que l'autre cherche à s'étirer puis à se mouvoir par de mouvements circulaires. Façon de dégourdir le muscle alors que d'autres dégourdissent leur langue, visiblement.

Ça chauffe crescendo jusqu'à ce que son nom vienne résonner jusqu'à ses oreilles. Pourquoi il faut toujours qu'on la prenne à parti dans des débats qui ne la concernent pas?..


Mais.. Attend moi, Aglaé !

Trottant derrière elle, avant de se retourner une dernière fois vers Charlotte, toujours en avançant, mais cette fois-ci en marche arrière.

Merci pour ton aide, Charlotte. S'incline. A plus !

Puis d'un demi tour, avant de reprendre la course pour rattraper son amie de route et s'éloigner ainsi à son tour.

Eh ! Attend !