Histoires d'enfants

Chapitre débuté par Millie

Chapitre concerne : Des boutons, Millie,

Ce texte vaut 7 bières !
[Histoires d'enfants, d'avant le grand cataplasme cataly cataplysme changement !]

Chapitre un : le drapeau écarlate

La course poursuite, commencée dans les ruelles d'un vaste village, tourne au vinaigre pour la troupe des braves défenseurs de la place. 
L'Hallali a sonné, les sifflements des respirations ennemies se rapprochent, les monstres osent même couiner de victoire sûrs du succès de leur attaque et... Pour effrayer les braves encore en vie.
Ceux-ci ne se retournent pas, pas même un regard pour leurs camarades qui tombent derrière eux, les uns après les autres, dans des cris atroces alors qu'ils se font happer par les redoutables adversaires qui les talonnent.
Des 12 défenseurs présents lors de l'attaque ne reste maintenant que 5, encore, à courir... Et ils ne doivent pas fléchir. 


Cette course est une lutte ancestrale entre des forces rivales, entre le bien et le mal, une course pour la survie, un combat entre les braves et les autres.
La douleur, qui enserre la poitrine de nos héros, est refoulée. Mais combien de temps pourront-ils encore tenir à ce rythme ? 
Passent devant leurs yeux les images des pires tortures auxquelles ils pourraient être soumis s'ils venaient à se faire attraper :  tirage et coupage de cheveux, débourrage de nounours de compagnie, arrachage des boutons de vêtements...
Et bien sûr, la honte suprême; le retour au village des "braves" alors mis à nu, sous la huée des hordes de goules et autres joyeusetés sorties des enfers. Non... Ils ne peuvent endurer ça. 


La connaissance du terrain sera peut être l'atout qui permettra à nos braves de se sortir de cette traque. La dernière maison du village dépassée, le groupe des 5 opère un virage serré.
Au lieu de continuer vers les hauts champs et se fondre dans les cultures de maïs, ils se blottissent contre le mur de chaume de la maisonnée et, accroupis, débutent une manœuvre de contournement.
Le groupe réduit  fait de son mieux pour rester silencieux, alors même que leurs poumons réclament de grandes goulées d'air.
Ils savent que de leur discrétion, en cet instant précis, dépend la réussite de ce repli stratégique. 

La horde de belligérants déferle  par delà leur position et s'engage dans les allées formées par les hautes tiges de maïs, décidée à éliminer cette dernière ligne de résistance et, enfin, récupérer sur leurs dépouilles fumantes le symbole de leur victoire : le drapeau écarlate.
Il est connu, de mémoire d'enfants, que quiconque possède ce drapeau à le droit de passage, de taxe et de récolte sur les terres en bordures des deux camps rivaux.
A chaque décennale ce droit peut être remis en cause et commence alors les "guerres de territoire".
Chaque force qui s'empare du drapeau, doit ramener ce symbole d'autorité dans son fief pour y hisser sa couleur depuis la plus haute tour du domaine.

Ce drapeau, tant convoité, est actuellement serré dans les mains du plus jeune des braves encore en vie. 
A tour de rôle, les aînés posent sur lui un regard grave pourtant emprunt de fierté. Il doit absolument arriver indemne jusqu'à la tour du "bois du Grand", hisser bien haut le drapeau pour que cesse la chasse dont ils sont tous les 5 le gibier.
Ils attendent, collés au mur de la chaumière, que soit passé jusqu'aux derniers des assaillants pour enfin se redresser et revenir sur leurs pas.
La route n'est pas très longue jusqu'à la tour mais épuisés comme ils sont, ils ne tiendraient pas une nouvelle distance s'ils venaient à être repéré.
Les voilà à avancer, tournant le dos aux champs et à leurs ennemis qui continuent de fouiller chaque parcelle de terre agricole. 
Les derniers défenseurs voient se profiler devant leurs yeux le sentier qui mène au "bois du Grand" et, a son terme, la tour de garde. La victoire peut encore leur appartenir malgré les pertes subies...
Plus que quelques mètres et leurs compagnons tombés seront vengés.
A l'orée du bois ils perdent leur sourire et poussent un soupir défait. Devant eux, qui leur barre le passage, une horrible goule 


Petite futée !

Cette finaude est donc moins stupide que les autres. Dans un cri guttural l'alerte est donnée. Il ne faudra pas longtemps pour que le petit groupe de rescapé se voit encerclé.
Les  5 hésitent Que ce soit devant eux ou derrière eux d'autres ombres malveillantes se précisent. Après quelques messes basses une décision est prise, et sans plus attendre, les 5 foncent dans le tas ennemis qui leur bloque l'accès à la tour.
Les coups pleuvent, mais une percée se fait. 3 s'encourent à la tour, deux autres restent au sol.


Courrez !

L'injonction est presque étouffée, La finaude malveillante maintient au sol celui qui vient de la prononcer; le plus âgé des 5* 
Le sourire édenté de la goule aurait de quoi faire tourner les yeux du premier venu, mais le brave tient bon.
Lui et son camarade ne comptent montrer aucune faiblesse, aucune crainte devant les supplices possibles à venir..


On va vous prendre vos boutons...

La main couverte de plaies et de terre se saisit de la chemise boutonnée et, munie d'une pierre tranchante, menace de mettre les paroles à exécution.
Les ruades données pour déstabiliser l'adversaire ne fonctionnent pas, le brave est trop bien tenu.
Les premiers fils se défont, un bouton tombe sous les hourras adverses. 


C'est toi le chef, c'est toi qui a le drapeau ! Donne-le !

Le "chef" - allez savoir s'il l'est vraiment ou non - ne prononce aucun mot et, après quelques minutes d'une fouille bâclée, fini par sourire.
Son regard a accroché, derrière la goule des enfers, quelque chose qui le rend fier.
Les clameurs de joie deviennent lamentation chez les suppôts du mal... Par delà la clairière, au dessus des arbres millénaires, tout en haut de la tour du bois du Grand, flotte le drapeau Ecarlate.
Les deux captifs se redressent, aidé par leurs camarades qui ont fait marche arrière, laissant un seul d'entre eux aller à la tour, assurant ainsi, la victoire des Braves !
--------- ---------- ----------

La benjamine de la bande descend en vitesse de la cabane construite en haut d'un arbre, y laissant accroché un tee-shirt vaguement rouge, et va rejoindre le groupe d'enfants avec lequel elle a l'habitude de jouer. 

- C'est nous qu'on a le drapeau !
- C'est nous qu'on a gagné ! Naaaananère !


Les morveux du village voisin font la moue, déçus.
"ouais ca va on a compris"
"Dans 10 jours on vous l'reprend le drapeau, la forêt sera à nous"
- Ouais on verra, en attendant, c'est nous qu'on y joue et pas vous.


Le plus âgé du groupe récupère la pierre tranchante tombée au sol et lance un sourire mesquin au meneur de la bande adverse.

- Tu vas perdre tes boutons !